Secret défense

Diane se prostitue pour poursuivre ses études. Hélas, elle vient de manquer de peu son diplôme de langue arabe qui lui aurait permis de trouver un emploi stable et durable et sortir de ce cercle vicieux. Lorsque le père du petit ami qu'elle vient de rencontrer lui propose de l'embaucher dans sa petite structure de négoce en vin, elle accepte, pour découvrir que la vérité n'est pas celle qu'elle imagine. Pierre, pour sa part, survit avec sa mère dans un appartement délabré en croyant trouver dans la délinquance une porte de sortie. En prison, il fait la rencontre d'Aziz qui lui tend une main secourable. Diane et Pierre deviennent alors à leur insu les instruments d'une guerre secrète que se livrent à distance le contre-espionnage français et les stratèges du terrorisme.

Philippe Haïm, plutôt que de choisir le point de vue des décideurs, plante sa caméra dans les pas de petites mains, pions d'un affrontement qu'ils ne comprennent ni ne mesurent vraiment. Guère de stylisation excessive, si ce n'est celle d'une froideur volontaire qui donne à l'ensemble une rigueur et un impact d'autant plus grands. Simon Abkarian et Gérard Lanvin, manipulateurs en chef et monstres hiératiques, se livrent un affrontement à distance par le biais de leurs recrues paumées (Duvauchelle et Giocante, vraiment bien chacun dans son registre). À trop vouloir élaguer son film, Haïm brise parfois l'élan de certaines scènes. Un défaut mineur pour un film qui possède aussi le mérite de poser la question de ce qu'un état démocratique est prêt à faire pour défendre ses citoyens. Reste une guerre silencieuse et quotidienne et un thriller joliment tenu,qui mérite toute sa place dans les sorties de cette fin d'année.