Théo pensait bien ne jamais remettre les pieds dans son enfance. Il avait maintenant un boulot, routier, et sa femme, Louise, était sur le point d'accoucher. Le bonheur à porté de main et puis le téléphone sonne. Martin, le fils de sa famille d'accueil, celui qui est presque son frère vient d'être arrêté. On le soupçonne de viol et de meurtre. Théo ne peut pas le laisser tomber. Il ne l'a jamais fait, alors...Il reprend la route, il revient. Rien n'a changé dans le village sale et triste de son enfance. Quelques rides, ici  et là, pas mal de tristesse dans certains regards et beaucoup d'amertume dans l'air.
Les preuves sont accablantes en ce qui concerne Martin. Alors, que faire ? Replonger dans ce passé auquel Théo a tout fait pour échapper ou se casser, en silence, en regardant ailleurs. Pourquoi pas vers sa nouvelle vie ? Celle qu'il s'est construite durement, en ne lâchant rien. Pourquoi pas ?
Autodidacte, Thomas Lilti, médecin de formation (et de métier, précise-t-il) signe ici un premier film très influencé par le cinéma US. Plutôt du côté western d'ailleurs que du côté film noir, finalement. Jonathan Zaccaï est un héros solitaire qui porte le marcel et la barbe triste avec conviction. Chacun de ses regards est plus impressionnant qu'une arme de poing. Il y a du Dewaere, celui de Série Noire, dans cette composition. Depardieu fils n'est pas mal non plus en fou rageur. Quand à Lionel Abelanski, il incarne à la perfection et pendant tout le temps du film, la douleur de cette saloperie d'existence qui est capable de vous reprendre ce que l'on croyait lui avoir arraché(c'est sa fille qui a été violé et tuée). Avec sa blouse d'infirmier il soigne les autres comme pour ne pas se noyer dans toutes ses propres douleurs.Renversant.
L'ensemble est très très bien fait. Musique, lumière, partis pris. Tout est très bon.
Noir, c'est noir. Et maintenant, l'espoir ?