Sortir : Comment est né le projet de long-métrage ?

 

Tot : Ankama a déjà de l'expérience dans l'animation. Dofus et Wakfu ont été décliné en séries télévisées qui ont bien fonctionné et nous ont permis d'acquérir une certaine expérience. De mon côté, j'ai écrit beaucoup de scénarios autant pour les bandes dessinées Dofus que pour les différents épisodes des séries, du coup je me sentais prêt à écrire un long-métrage. Puis en commençant à travailler aux différentes versions du scénario, je me suis rendu à l'évidence : écrire un film implique un travail différent. Je suis donc retourné à l'école, j'ai pris le temps qu'il fallait et quand l'écriture a été prête, on a lancé le projet pour de bon.

 

Sortir : Qu'en est-il du récit ? Comment les aventures de Julius ont-elles pris forme ?

 

Tot : Dans tout mon travail à Ankama j'ai toujours tenu à une chose : ne pas raconter deux fois la même histoire. Petit à petit le peuplement du Krosmoz fait qu'on essaie de combler les blancs, de rajouter des liens entre les personnages et d'enrichir l'univers. Pour cette histoire, nous voulions un adversaire qui soit une femme, jusqu'ici beaucoup d'ennemis de nos héros étaient des hommes. Le reste puise dans ce que nous construisons depuis des années : un mélange d'humour, d'action et d'émotion. Le film emporte dans un voyage en forme de montagnes russes, les émotions se succèdent. Une partie du public nous connaît et il sera en terrain connu parce que l'histoire se déroule dans un univers qu'ils ont arpenté et qu'ils pourront reconnaître, mais l'objectif était aussi d'amener de la nouveauté, notamment pour faire le lien avec le jeu ou les livres.

 

Sortir : Le film a donc un lien avec les autres productions d'Ankama ?

 

Tot : Oui : l'un des personnages du film est apparu dans la série animée Dofus et le film met en scène une nouvelle classe de personnage qui deviendra jouable lors de la sortie du film, l'Huppermage ainsi qu'une zone de jeu, la dimension Ecaflip, qui sera également ouverte au joueurs dans quelques jours. Ensuite, notre objectif consiste à faire en sorte que nos propositions se répondent, l'idée étant de donner de la profondeur à tout un univers plutôt que de privilégier un seul projet. Une bande dessinée en forme de préquelle du film verra bientôt le jour et le jeu de plateau Krosmaster sera décliné autour des personnages du film.

 

 

"La garantie que peuvent avoir les gens qui achètent nos produits, c'est que nous réinvestissons la plus grande part de ce que nous gagnons pour développer de nouveaux produits"

 

Sortir : La particularité du film c'est aussi d'avoir été entièrement produit à Roubaix...

 

Tot : C'était un challenge, mais après les séries, nous voulions nous essayer à un projet d'envergure. Plus d'une centaine de personnes ont travaillé sur le film ici. On aurait pu faire le film ailleurs pour moins cher mais il était important que nous le fassions à chez nous à Roubaix et dans le Nord. Je suis très fier d'être allé au bout de ce projet avec nos équipes. Depuis le départ d'Ankama, nous avons toujours investi dans la créativité. La garantie que peuvent avoir les gens qui achètent nos produits (des jeux aux livres ou aux produits dérivés), c'est que nous réinvestissons la plus grande part de ce que nous gagnons pour développer de nouvelles choses. C'est une démarche à laquelle nous sommes profondément attachés.

 

Sortir : Quelles ont été vos influences pour ce film ?

 

Tot : Elles sont multiples ! Au départ, il y a l'envie de réaliser une sorte de Seigneur des Anneaux pour enfants. C'est forcément quelque chose qui m'a beaucoup marqué, comme le travail de Terry Pratchett sur le Disque-Monde et son mélange efficace d'humour et de récit plus traditionnel. Pour le cinéma, je suis un grand amateur de cinéma asiatique, dans le film je me suis inspiré de films que j'ai apprécié pour mettre en scène certains passages : Drunken Master II avec Jackie Chan ou The Blade de Tsui Hark. Je suis aussi un grand amateur de cinéma coréen comme The Chaser de Hong-jin Na , Old Boy de Park Chan-Wook ou J'ai rencontré le diable de Kim Jee-won, je ne sais pas dans quelle mesure cela a influencé mon travail, mais je puise aussi mon inspiration dans la vie quotidienne.

 

Sortir : Le film porte la mention « Livre I », des suites sont-elles prévues ?

 

Tot : L'idée consiste à mettre en place une trilogie autour d'adversaires féminins. Nous avons bien sûr des tas de choses dans les cartons, c'est la réponse du public qui nous dira si ces films verront le jour ou non.