Wrap de Warp

Dans la dernière décennie du XXème, la musique electro ne pouvait se résumer à un simple smiley. Pas du genre rigolard, le label Warp entreprit de pilonner les poncifs liés à l'electro en signant des artistes dont la principale préoccupation n'était pas de placer un hit ou de faire danser des foules sous ecstasy et vodka-Redbull. A son corps défendant, le label de Sheffield fut affublé de la curieuse étiquette IDM : Intelligent Dance Music. Parmi les grandes signatures du label, on compta Aphex Twin, Squarepusher, Boards of Canada et bien évidemment Plaid et Autechre.

Le duo Plaid est parvenu à imposer sa conception de l'electronica au fil de ses quinze albums. Mêlant influences classiques modernes et contemporaines, pionniers de l'utilisation de l’électronique dans la pop, easy-listening, exotica...Plaid a fait œuvre en assemblant ces confettis en une gigantesque fresque, mosaïque digitale complexe ne rechignant pas à recourir aux « vrais » instruments si besoin. Portishead ou Björk n'ont pas eu à se plaindre de ces maniaques des boutons en rupture de Black Dog. Désormais on reconnaît la touche Plaid, sans redouter une quelconque redite.

Plus insaisissables, on oppose souvent les rugueux Autechre aux doux Plaid. Il est vrai que question radicalité, les deux d'Autechre ne lésinent pas sur la symbolique, quitte à perdre une partie de leur base en chemin. Se perdre, mais aussi et surtout trouver, voici ce qui fait vibrer Autechre. Engagé dans une veine de plus en plus expérimentale, le duo draine maintenant les curieux de tous bords. Influence majeure de Radiohead dans leur coming-out electro, Autechre s'adresse aussi bien à la base, aux futuristes du hip-hop qu'aux progressistes de la pop et du rock. Et même quelques soldats perdus des musiques contemporaines. Désacralisant l'objet disque, modifiant les codes du concert, un live d'Autechre se savoure dans le noir, comme pour mieux appréhender le futur dans le marc de café.