Autant le dire d’emblée, les fans de Portishead pourraient être déroutés. On savait déjà que Geoff Barrow maniait avec talents les univers chargés mais avec Beak, son nouveau projet, il renvoie son premier combo bristolien au rang de grosse poilade. Car avec son nouveau trio, le sieur Barrow plonge avec une certaine décontraction dans des abysses de noirceur très inspirées par les pionniers du Krautrock et autres joyeusetés à forte connotations répétitives. Si le propos n’est pas immédiatement compréhensible, l’écoute répétée – cela nécessite quand même un peu de volonté – révèle non seulement l’incroyable talent de producteur de Barrow mais surtout la prise de risque assumée et parfaitement maîtrisée. Ce n’est pas le tout de prendre la tangente, encore faut – il réussir son virage. Force est de reconnaître que ce nouveau projet, tout radical qu’il est, tient la route. A une époque où l’hyper standardisation et le mimétisme sont érigés en culte, la démarche de Beak mérite réellement d’être soutenue même si ce n’est pas toujours une sinécure pour nos oreilles.