Les Puys d’Amiens, chefs-d’oeuvre de la cathédrale Notre-Dame
Chaque année, un grand tableau était commandé par la confrérie à un peintre pour être accroché dans la cathédrale. Des dizaines d’oeuvres suspendues aux piliers de l’église au début du XVIIIe siècle, seule une vingtaine a subsisté jusqu’à nos jours. Autours de ces vestiges de la gloire de la confrérie, de nombreux prêts permettront de retracer l’histoire de cette société pieuse qui fut au centre de la vie culturelle, religieuse et artistique de la capitale picarde sous l’Ancien Régime.
Les Puys d’Amiens, chefs-d’oeuvre de la collection de peinture amiénoise, sont les vestiges de l’extraordinaire production artistique de la confrérie Notre-Dame du Puy à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne. Cette institution pieuse rassemblait des notables amiénois clercs ou laïcs pour glorifier la Vierge par des jeux poétiques. Elle offrait à chacune des fêtes mariales des repas au cours desquels étaient organisés des concours de poésie.
Le terme de Puy vient du fait que ces chants étaient récités sur une estrade – ou podium – appelée puy en français médiéval ; la confrérie a pris ce nom par métonymie, de même que les œuvres commandées par elle.
À l’occasion de la principale fête de la confrérie, le 2 février, jour de la Purification de la Vierge, le maître élu pour l’année faisait connaître sa devise qui inspirait le peintre à qui était commandé un tableau. L’artiste devait traduire en image les allégories complexes imaginées pour honorer la Mère de Dieu. L’oeuvre était exposée à la cathédrale le jour de Noël et y restait tout au long de l’année, avant d’être remplacée par celle de l’année suivante.
À partir de la fin du XVe siècle, les tableaux des années précédentes furent simplement déplacés et accrochés un peu plus loin dans l’église si bien qu’au début du XVIIIe siècle, plusieurs dizaines de ces œuvres de dévotion mariale ornaient les piliers de Notre-Dame d’Amiens. C’est précisément leur grand nombre ainsi que les évolutions du goût qui firent prendre la décision aux chanoines de vider la cathédrale de ses Puys en 1723. Détruits ou dispersés à travers le diocèse pour la plupart d’entre eux, seules les oeuvres jugées d’une qualité suffisante furent conservées dans une chapelle à l’écart.
Du fait de cette dispersion, les manques sont très nombreux et les Puys parvenus jusqu’à nous ne représentent qu’une petite part de toutes les oeuvres commandées par la confrérie. Pour autant, ils permettent d’illustrer l’histoire artistique, politique, culturelle et religieuse d’Amiens. Ils sont le reflet des liens artistiques avec des villes comme Anvers, Bruges, Bruxelles ou Paris. Les Puys sont aussi des œuvres transcrivant l’actualité la plus immédiate car destinés à être exposés dans l’année de leur création.
Les guerres de religion, la Ligue, le siège d’Amiens et la reconquête de la ville par Henri IV sont autant d’événements que l’on peut lire au travers des choix iconographiques opérés pas les maîtres de la confrérie et leurs peintres. Ces œuvres brossent le portrait de la société amiénoise sur une période de près de trois siècles.
« Exposition réalisée avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France »
Publié le 31/05/2021