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concerts

Juliette

Juliette (2023)
Exemplaire par son parcours en marge d’une variété de masse et ses spectacles à la mise en scène constamment accueillante, la chanteuse aux fringants traits d’esprit ne cesse d’avoir de la suite dans les idées.

J’aime pas la chanson !, s’exclamait-elle dans le titre chafouin de son précédent album. Coquetterie provocante ? Vérité couperet ? Pied de nez à l’égard d’un genre auquel on l’a tant affiliée ? Peut-être les trois en même temps. Juliette connaît pourtant la chanson, surtout celle de caractère. Elle en est même une maîtresse-femme. Quatre décennies désormais que cette disciple alerte de Jean Guidoni et Boby Lapointe la malaxe, l’appréhende, l’étreint. Un sens de la narration, de l’image, de la rime. Une écriture à griffer, cajoler, éveiller les consciences. Une audace dans les thèmes. Pianiste brillante, mélodiste nomade, indémodable et increvable. Rare reine à s’être assise sur le trône des Victoires de la musique sans se soumettre aux impératifs du mainstream, Juliette a la faculté de raconter beaucoup à partir de presque rien, de s’approcher au plus près de son récit, de saisir ce qui la captive. Presque logique, d’ailleurs, que sa dernière livraison de chansons s’appelle Chansons de là où l’oeil se pose. S’y nichent sa répulsion de poivrons, le dur labeur de faire entrer une couette dans une housse, mais aussi la cruauté des cours de récré ou le choc de la perte des cheveux causée par la maladie. De l’anecdotique savoureux, du potentiel vitriolique, de la gravité. La matière est encore là, le tempérament aussi. On a perdu Anne Sylvestre. On a toujours Juliette, prête à servir un nouveau festin.

Publié le 13/10/2023


Mots clés : #chanson francaise