C'est possible avec l'artothèque Nord-Pas de Calais, prêt d'oeuvres contemporaines exceptionnelles aux particuliers pour une somme modique.
L'association L'inventaire naît en 2009, à l'initiative de Clotilde Lacroix, ancienne chargée de communication en entreprise, qui revient là à ces premières amours, « mettre mes compétences au service de l'art contemporain ». Exploratrice assidue des musées, elle regrette que le temps de contemplation n'excède pas quelques minutes ; elle qui a grandi dans une maison emplie de toiles d'artiste de la cave au grenier, l'affirme, « la puissance de contemplation ne s'épuise jamais ! » L'artothèque représente un moyen parfait pour permettre à tout un chacun de ramener une oeuvre à accrocher chez lui, concept inventé à Berlin en 1906, lancé en France sous Lang dans les années 80 en même temps que les FRAC, mais ne bénéficiant bientôt plus des mêmes financements. On en compte quand même encore une quarantaine en France, souvent portées par des municipalités volontaires, aucune dans le Nord-Pas de Calais, « pourtant région très riche. Fonds d'oeuvre incroyables qui ne sont pas exploités ! »
Notre chef de projet travaille cette initiative depuis cinq ans, visite toutes les structures sur le territoire, dresse un diagnostic extrêmement intéressant, et finalement propose 350 oeuvr
es au catalogue ! Soutien fort des artistes, comme le fameux éditeur sérigraphe nordiste Alain Buyse, apportant des Villeglé, Duchêne, Jef Aerosol, Dodeigne... Vaste panorama de l'art actuel, ouvert sur différents medium, et artistes, pour un tiers internationaux, un tiers nationaux, et un tiers régionaux. Des artistes trouvant là une occasion sympathique aussi de vendre leur oeuvres, même si ce n'est pas le but premier : « notre vocation est la sensibilisation, former le regard, faire côtoyer une oeuvre d'art, donner envie de vivre avec l'art ! », s'enthousiasme la chef de ce beau projet. Petit bémol : si les artistes accordent un soutien de plus en plus massif, les collectivités, elles, restent frileuses. Le Fonds social européen permet à Clotilde de se verser un salaire, mais l'aide prend fin en 2011, « je serai obligée de me licencier ! Mais je continuerai
en bénévole ! Il faut encaisser le coup des financements régionaux plus que compromis. Pourtant, nous sommes un réel outil d'aménagement du territoire. D'un point de vue culturel, avec le soutien à la création actuelle, mais aussi social, puisqu'à destination de personnes éloignées de la culture. » Et le public est au rendez-vous : les portes ouvertes pour admirer, et pourquoi pas choisir, des oeuvres ont attiré plus de 200 personnes... chez Clotilde bien sûr ! La jeune femme ouvre même sa maison, portes ouvertes tous les deux mois, mais aussi sur rendez-vous. A terme, des expositions seront organisées, sur tout le territoire, car cette artothèque se veut régionale, de l'espace 36 à St Omer (rentrée 2011) jusqu'à l'Avenois, en passant par le Vieux Lille (espace Le Carré, 10 février – 3 avril). Prochain rendez-vous, chez Clotilde, les 11 et 12 décembre, « weekend festif pour ne pas céder à la morosité ambiante, terminer l'année sur une touche gaie : marché de Noël avec des éditions d'artistes, affiches, coloriages, cartes de voeux, et un concert de Lutucru, chansons à texte en acoustique ». Et toujours les oeuvres à emporter !
