Une abbatiale, des organistes...

D'abord, et pour bien poser le contexte, l'abbatiale, c'est l'église d'une abbaye de moines. À Guîtres, Notre Dame de - fut construite à la fin du XIème siècle, roman de style. La période faste du "catholicisme d'État", les affres de l'Histoire (vandalisme, guerre de Cent Ans...) jusqu'au déclin, fin XVIIIème : l'ordre monastique révoqué par la Révolution, l'archevêque prononce donc la suppression de l'Abbatiale en septembre 1774, entraînant ainsi son démantèlement et la vente de ses terrains. Seule rescapée : l'église, « son plus pur joyau », affectée au culte paroissial, donc toujours admirable 200 ans plus tard. Le moment choisi par une asso locale soucieuse de sa préservation pour apporter sa pierre à l'édifice, désormais classé monument historique. Et pas n'importe quelle pierre...

C'est en 1973 que Les Amis de l'Abbatiale de Guîtres montent le « projet architectural et sonore d'un instrument inspiré de l'Orgue Classique Français ». Commande est passée auprès des établissements Beuchet-Debierre (réputés pour leur qualité de fabrication), sommés d'exigences techniques diverses (tuyaux à bouche, jeux d'anches...). L'orgue prend alors ses quartiers dans la nef de l'Abbatiale et depuis, reçoit de multiples ajustements et améliorations qui en font aujourd'hui « un instrument exceptionnel par l’originalité de sa réalisation et par sa situation près de la croisée du transept »... Des sonorités particulières à apprécier le temps d'un festival.

REVIVAL
Objectifs annoncés : mettre en valeur le monument et faire découvrir un instrument à l'image vieillotte, actuellement en pleine réhabilitation. Les moyens : une saison musicale estivale chargée, entre concerts les vendredis soirs et dimanches après-midis, marquée par « un souci de diversité et de qualité, avec des artistes français et étrangers connus dans le monde entier », jeunes artistes et grands maîtres. Il y a les solistes (Jean-Pierre Griveau, Eva Darracq-Antesberger...) et ceux accompagnés d'autres instruments, tels la trompette ou le violoncelle. Le tout complété par du chant choral propre aux abbayes bénédictines, entre gospel et polyphonies corses.
Enfin, pour ceux qui veulent entendre mais aussi voir, une expo consacrée à l'orgue, son fonctionnement, ainsi que « des instruments parmi les plus beaux d'Europe et de la région » complètent le programme. Alors l'orgue finalement, pourquoi pas ?