Toujours plus de pouvoir

A la débauche de comédiens, de décors et de costumes qui accompagne d'ordinaire les mises en scène de cette pièce, Pierre Foviau préfère un cadre unique et une distribution restreinte. Si l'intrigue ne varie pas d'un iota, cette adaptation n'en garde que les moments clefs, instants pivots d'un récit fleuve qui suffisent à illustrer la force du propos originel sur le pouvoir ici renforcé par un décor et des costumes évoquant à la fois l'univers des grandes familles et celui de conseils d'administration feutrés. Glissant d'un personnage à l'autre, les acteurs recréent donc la vaste généalogie anglaise avec plus ou moins de bonheur. Il faudra en effet beaucoup d'attention ou une réelle familiarité avec la pièce pour ne pas se perdre dans l'entrelacs de conspirations, d'intrigues et d'influences avec lequel Richard de Gloucester, difforme et ambitieux composera pour accéder au pouvoir.

Malgré le travail d'adaptation, la pièce conserve toute sa force et sa symbolique, renforcées par une mise en scène qui, en échappant à la structure traditionnelle des actes et des scènes, permet d'enchaîner les situations avec une réelle fluidité. Les personnages ne quittent pas toujours le plateau, laissant l'un et l'autre occuper la scène par leur discussion avant de revenir au premier plan, comme si c'était bel et bien devant un conseil d'administration que se tenait le spectateur. Alliances, promesses, trahisons et violences se succèdent donc au coeur d'une parabole sur le pouvoir dont Pierre Foviau nous dit qu'elle n'a rien perdu de son actualité ou de son mordant.