La majeure partie des œuvres provient soit de la famille du peintre, soit de la descendance des modèles. S'agissant souvent de portraits de famille, les œuvres de Braïtou-Sala sont finalement assez rares dans les collections publiques. Cette grande exposition permet donc de découvrir la vie dramatique d'une famille juive autant que les mondanités parisiennes des années folles. « C'est ce qui est singulier, explique Bruno Gaudichon, le directeur de La Piscine, ce peintre est devenu célèbre grâce à une société qui contribuera, dix ans plus tard, à éliminer sa famille ». C'est d'ailleurs ce qui explique le sous-titre de l'exposition : L'élégance d'un monde en péril.

« Le projet trouve tout son sens à Roubaix, face aux collections sur le textile, la mode, l'histoire... poursuit Alice Massé, conservatrice adjointe de La Piscine et commissaire de l'exposition. Il y a d'ailleurs dans les cabines un joli contrepoint à l'exposition avec une présentation de toilettes des années 20, 30. »

Deux partis pris

Les commissaires d'exposition ont fait de le choix de présenter le travail du peintre durant les années 20 et 30, tandis qu'il connait la gloire dans le Tout Paris, que ces œuvres sont reprises dans la presse... Ces œuvres sont présentées de façon thématiques : autoportraits, scènes d'enfants, compositions mythologiques, portraits mondains... Sa production de l'après-guerre est elle laissée de côté : meurtri par la guerre, l'intérêt artistique de son travail est moins évident. « Le but n'était pas de faire une hagiographie de l'artiste mais d'en montrer le meilleur » explique Alice Massé.

Le deuxième parti pris consistait à restituer l'atmosphère des années folles : ambiances chromatiques (teintes de gris, de bleu et de parme), moquette épaisse... L'idée est d'évoquer les intérieurs bourgeois de l'époque. Une scénographie qui achève d'emporter le visiteur à travers une histoire de famille autant qu'une histoire de mode et de mondanités. Des citations tirées de journaux, de lettres de l'époque parsèment le parcours du visiteur pour montrer combien le peintre avait pu être prisé dans les milieux mondains. De nombreuses part d'ombre subsistent malgré tout : « cette exposition permet de montrer les œuvres, lancer des pistes... Et on serait ravis que des héritiers de modèles se manifestent ou que des étudiants s'emparent du sujet. Il s'agit vraiment d'une étape de travail et il reste de nombreux points à creuser : comment se passait une commande ? comment étaient mis en relation le modèle et son peintre ? quelle était la côte du peintre à l'époque ? ».

Aux côtés de Colette Portal : Rendez-vous au lion et Henri Selosse : un donateur-fondateur, cette dernière saison dans la grande salle avant le démarrage des travaux d'agrandissement (prévus pour l'été 2016) souligne aussi le potentiel des réserves du musée autant que le manque d'espace de la configuration actuelle.