Soyons réalistes, demandons la lune

Le Grand Mix de Tourcoing et ses partenaires proposent d’inverser la tendance en offrant la possibilité aux aspirants artistes tourquennois de monter en grade en se produisant dans des conditions pro. Sur le papier, « centres sociaux » et « action culturelle » ça sonne un peu évangélisation. Dans les faits, il n’en est rien. Le respect, l’écoute et l’échange sont au cœur de ce festival pluridisciplinaire axé sur les cultures urbaines et le brassage des publics. Au menu : danse orientale et hip-hop, skate et roller, arts plastiques et vidéo ; et la musique comme plat de résistance. Les parents ne rateront sous aucun prétexte le goûter-concert de Patafrica et son instrumentarium bricolé entre Afrique et Occident. On ramassera sur scène les copies des trois groupes de pop/rock tourquennois (Toast, Evergreen Sputi Shit, Moloko Velocet) ayant bénéficié des conseils des grands frères du Grand Mix et de Cercueil. Le hip-hop sera de la partie avec les locaux de Territoir Prod qui balance un aller-retour ragga/rap bien senti.

Une nouvelle édition du projet Basses/MC/Batterie, chapeauté par Arm et Robert le Magnifique de Psykick Lyrikah modélisera le rap en 3D. Loin de la démagogie et de la paresse des airplays racoleurs des radios ado commerciales, ce festival maintient une exigence dans le calibre des parrains sollicités. Cette année, les non-alignés Rocé et Casey ont accepté l’invitation. D’origines algérienne et argentine, le Français Rocé se joue des frontières et provoque le rap sur son propre terrain en le confrontant au free jazz (Rocé a collaboré avec Archie Shepp) et à la chanson. La rappeuse Casey rend audible une colère sourde, elle dénonce mais ne balance pas grâce à une plume acérée trempée dans les cicatrices de notre histoire et les bavures contemporaines. Saluons donc le vaisseau-amiral Grand Mix, les soutiers du terrain (MJC Virolois, La Fabrique, les Centres Sociaux Belencontre/Phalempin, Bourgogne, Boilly…) et ces jeunes pousses et herbes folles.