Rose des Vents : la chrysalide continue

Encore en travaux pour de longs mois, la scène nationale de Villeneuve d'Ascq déploie une saison 23/24 entre continuité et nouveauté avec notamment un accent mis sur le travail de Thierry Collet et la magie. Contrainte à programmer hors les murs le temps du chantier, l'équipe de la Rose des Vents continue de s'appuyer sur des partenariats noués au fil du temps pour trouver refuge de Roubaix à Lille en passant par Tourcoing, Tournai, Croix, Mouvaux ou d'autres espaces villeneuvois (de la ferme d'en Haut à la salle Masqueliez en passant par l'espace Concorde). Outre une diffusion territoriale du travail de la Rose des Vents, la diversité de ces échanges permet aussi des propositions plus singulières. La saison s'ouvre ainsi au Grand Mix avec la batteuse Lucie Antunes avant de se poursuivre en musique avec La Familia et son Ultra Bal à l'espace Concorde. En mars c'est Tony Melvil qui vient porter En apparence, son nouveau projet.

Outre l'incontournable rendez-vous automnal du festival Next, plusieurs dates s'inscrivent également dans les temps forts du Gymnase, de Forever Young (l'étonnant Skatepark de Mette Ingvartsen accueilli avec la Condition Publique) jusqu'au au Grand Bain (The House of Trouble de Patricia Apergi et la sauvegarde scénique de la polka chinata de Save the last dance for me d'Alessandro Sciarroni. Inventions par la cie Mal Pelo (19-20/10), Le petit B de Marion Muzac (13/01), la célébration heureuse de Joy Enjoy Joy (14-15/02) ou le Bugging d'Etienne Rochefort et sa mise en abîme des dérèglements du monde (30-31/05) proposent d'autres plongées chorégraphiques.

Parmi les autres partenaires, la maison de la culture de Tournai accueille début octobre Mohamed El Khatib, champion du théâtre documentaire avec Mes parents, quelques jours plus tard au LaM, Doggo combine images et musiques pour un hommage au meilleur ami de l'homme 14/10). Le compagnonnage se poursuit également avec le Théâtre du Nord pour Le jardin des délices de Phlippe Quesne inspiré de Jérôme Bosch (29-30/11 et 1/12) et le Némésis de Tiphaine Raffier d'après Philip Roth (21-22-23-24/05). Avec le Grand Bleu, la puissance du travail de Rébecca Chaillon porte la parole de la jeunesse dans Plutôt vomir que faillir (12/13/03) et le duo Kati Pikkarainen et Victor Cathala déploie son cirque total et généreux dans À ciel ouvert (18-19-20-21/04 avec le Prato).

Ce nomadisme ne nuit pas à l'ouverture, ni à l'exigence. Au fil de l'année, le programme parcourt également des formes originales comme l'inclassable Pling-Klang et sa promenade entre cirque et burlesque autour du couple et de ses défis (13-14-15-16/12), Dans la peau d'un magicien partage le parcours de Thierry Collet dans sa découverte de la prestidigitation (9-10/01), Hugues Duchêne éclaire la nuit de L'abolition des privilèges dans un format immersif (14-15-16/03, avant de tourner dans le cadre des Belles Sorties), quand Michel Laubu et son théâtre d'objets relisent avec Chaussure(s) à son pied les stéréotypes des contes au sujet de l'amour (25/05).

Dans l'errance forcée de cette Rose des Vents en chantier demeure cependant un espace fixe grâce au cinéma Le Méliès, autre noyau aussi indispensable que précieux de la maison. Tout au long de l'année, il propose 8 films en lien avec différents spectacles programmés... tout en restant le seul cinéma de la métropole lilloise aussi ouvert aux cinématographies du monde entier.