Retour sur Baby Doll

Baby Doll est une pièce écrite au siècle dernier par l'écrivain et dramaturge américain Tennessee Williams (Un tramway nommé désir, La Chatte sur un toit brulant...) pour être adaptée au cinéma en 1956 par Elia Kazan. Dans l'Amérique des années 40, c'est l'histoire d'une jeune femme, surnommée Baby Doll, mariée de force par son père à Archi Lee, un exploitant de coton au bord de la faillite, rustre en apparence et en paroles, mais qui a fait la promesse de ne pas consommer l'union avant le vingtième anniversaire de la petite. La pièce débute la veille de ce jour tant attendu par Archi et tant redoutée par Baby Doll qui n'éprouve que répugnance pour son mal-aimé. Parce que sa machine a été incendiée, leur voisin Silva Vaccaro, un jeune, beau et fougueux italien débarque pour confier l'égrenage de ses kilos de cotons à Archi. Pendant que ce dernier part travailler, Silva et Baby Doll vont avoir tout le temps de faire connaissance...

Mais le prince charmant n'est ni prince, ni charmant et n'est point arrivé pour sauver sa belle cette fois. Silva est en réalité venu manipuler Baby Doll pour lui faire avouer que l'incendie de ses machines a été commis par Archi. Dans Baby-Doll, mis en scène ici par Benoît Lavigne, le rose n'est jamais pur. Les émotions basculent sans cesse du chaud au froid, de la poésie à la violence. A cette image, le rire de Mélanie Thierry. Tout à la fois délicieusement sensuel, ingénu et tonitruant, il rythme la pièce de bout en bout, faisant courir dans la salle un frisson tantôt euphorisant, tantôt angoissant. Les personnages usent de tous les moyens pour défendre leur liberté. Ils rient à gorge déployée ou s'effondrent à grands coups de cris et de larmes... Ils se battent avec tout : les poings, les armes, les flammes, les mots, les êtres qui les entourent... Le théâtre de la Fleuriaye a donné à voir une pièce bouleversante.