Petite histoire de pédophilie ordinaire

Il faut  un sacré courage pour faire fi des conventions habituelles de secret qui entourent la pédophilie et dénoncer plus de 35 ans après, l’acte qui fit de lui une victime honteuse pour sa vie entière. Il faut un sacré talent pour écrire une telle confession, et fut-elle littéraire, cette auto-analyse en étonnera plus d’un. Poète et écrivain Ludovic Degroote rompt le silence de toutes ces années et se raconte sans pudeur. Il déballe tout, les mots sont là, crus, comme dans un roman porno, à quoi bon dissimuler ? A 50 ans, il fait le ménage dans sa vie et la petite bourgeoisie du côté d’Hazebrouck peut bien s’étrangler, lui, il exulte et déverse sur la page son trop plein d’émotions contenues depuis si longtemps. Enfin, cette relation malsaine peut s’étaler au grand jour et peut-être exorciser cette honte qui ne l’a plus quittée car, « reste à vivre mort… ce qui me permet aujourd’hui d’essayer d’écrire ça…».

Pas de majuscule, pas de ponctuation, ni point, ni virgule, au lecteur de suivre le rythme des errances de la pensée de l’auteur dans les méandres du souvenir de ses 14 ans. Quand un homme marié et père de famille détruit la vie d’un gosse, en l’occurrence celle de Ludovic, il est question de violence même si il s’agit d’un acte consenti. Violence de devoir construire une vie à la dérive sur la destruction, le dégoût de soi … et le questionnement perpétuel du pourquoi de l’acceptation qui, encore aujourd’hui, le hante sans comprendre,
Quand une blessure sexuelle oblige à mettre le monde en mots, l’écriture s’impose comme le martèlement d’un enfermement tragique dans lequel toute réparation s’avère impossible.
Ce livre explose à la manière d’un grand cri dénonciateur de la fausse morale, comme de l’attitude indigne des adultes profiteurs d’enfance et d’innocence.