Voilà le rêve d’Emmanuelle Haïm enfin réalisé ! Monter Médée, la seule tragédie lyrique profane de Marc-Antoine Charpentier, le grand rival de Lully, sur un livret particulièrement réussi de Thomas Corneille, le frère de Pierre Corneille, l’auteur bien connu du Cid. Créée à Paris en 1693, Médée fut reprise à Lille le 17 novembre 1700, date fatale pour le théâtre qui s’embrasa et fut entièrement détruit.

Passion, bain de sang, meurtre, trahison, folie, vengeance, colère, jalousie… le trash n’est pas l’apanage de la modernité et les mythes grecs ne sont pas en reste. L’histoire presque banale figurerait aujourd’hui dans les pages faits divers de nos journaux. Médée est folle de jalousie car Jason, son mari, la trompe avec Créuse la fille du roi Créon. Que faire ? Tuer sa rivale puis les enfants qu’elle a eu avec Jason lui apparaît la soufrance la plus cruelle qu’elle puisse lui infliger.
La Médée de Michèle Losier apparaît pourtant comme une femme vulnérable et sensible face à un horrible Jason (Anders Dahlin).
Si l’audacieuse mise en en scène de Pierre Audi et la scénographie du plasticien berlinois Jonathan Meese n’ont pas fait l’unanimité à Paris à la création début octobre, coté chanteurs, orchestre et direction, les avis sont louangeurs…