Pour Alberto d’Ascola alias Alborosie, le reggae est une seconde nature. C’est en Sicile qu’il signe ses premiers faits d’armes avec son Reggae National Ticket. Se sentant à l’étroit sur le territoire italien, Alborosie s’envole pour Kingston la grande, histoire de s’amarrer à la source même de son inspiration. D’autres européens ont aussi tenté le grand saut mais nombreux sont ceux qui sont revenu avec plus de désillusion que de reconnaissance. Alborosie y a élu domicile et mieux s’y ait fait une place au soleil. D’abord comme riddim-maker puis comme producteur et enfin comme chanteur. En somme, il a effectué son parcours du combattant et a gagné ses galons de noblesses. Son nouvel album, Escape From Babylon est publié par le mythique label Greensleeves, signe d’une indéniable reconnaissance non seulement jamaïcaine mais tout autant internationale. Car, à l’image des stars de l’île tels Sizzla, Capleton ou Buju Banton, l’italien est aujourd’hui mondialement apprécié. Et pour ce faire, l’homme n’a lésiné ni sur les moyens ni sur la stratégie à adopter. A peu de choses près, on serait tenté de dire que son nouvel album balaye large au niveau des styles, du traditionnel reggae roots au rub-a-dub, du dancehall au ragga. Reste que la démarche n’a rien de putassière mais confirme plutôt un talent indéniable de faiseur de tubes à l’image des I Rusalemn, No cocaine ou de l’implacable Mr Président adressé à Berlusconi. Quand bien même il est marqué par le sceau de la diversité, cet album tient parfaitement la route et se suffit à lui-même puisqu’ il ne compte que trois featuring pour seize titres. Point besoin d’être un prédicateur savant pour annoncer le triomphe que le public lillois devrait réserver à cette nouvelle idole d’un reggae qu’on croyait à jamais enfermer dans ses querelles de clochers.