Les Mémoires d'un Seigneur convoque, sur scène, un soliste (Sébastien Perrault, l'un des interprètes de Tragédie) et son âme, « décor vivant » incarné par une troupe de 40 hommes -de 20 à 63 ans, du prof au retraité-. L'histoire, c'est celle d'un homme qui s'efface derrière son rôle de seigneur, déshumanisé pour servir un destin plus grand, celui de la nation. Sur scène, nombre d'interprètes oblige, tout est très précis, très sténographié, comme un écho aux obligations du roi. Très physique aussi ! « Pour des gens qui n'ont pas une pratique professionnel de la danse ou du sport, ils se démènent vraiment ! Ils sont amateurs mais je travaille avec eux comme avec des pro, en leur donnant les outils pour y arriver. » explique le chorégraphe.

L'engagement, conséquent, est également moral : « pour un corps investi, il faut une tête investie », poursuit Olivier Dubois. Ce que confirme Laurent, 39 ans, danseur amateur volontaire : « le projet m'a fait penser à l'approche de Pina Bausch, c'est ce qui m'a plu. Et ce qui m'a convaincu, c'est que deux amis participaient au projet... Tout seul, je ne me serais pas lancé ! ».

Côté bande-son, c'est, depuis 10 ans et pour tous les spectacles d'Olivier Dubois, François Cafenne qui est aux commandes. Il annonce une ambiance « à moitié musicale, à moitié acoustique, assez imprégnée du propos de la pièce : un tyran qui traverse différentes endroits. C'est fort et violent, musicalement pas très doux ! Le fait qu'il y ait 40 personnes sur scène modifie la façon de créer et oblige à faire attention à leur présence. La création se fait en direct, comme la chorégraphie. Car c'est bien de spectacle vivant dont il s'agit ! Des créations uniques avec un univers propre. »

Le tout, c'est un résultat, très compréhensible côté spectateur. Après tout, le chorégraphe est rompu à l'exercice : pour la première édition de Made in Roubaix, il avait déjà mis en scène 150 amateurs pour un Envers et face à tous qui avait largement remporté les suffrages.