Lire et faire lire

Chez Minus, c'est par le jeu que l'on aborde la question. Sous des couvertures colorées, l'éditeur invite les jeunes (et les moins jeunes) à s'approprier les pages de petits carnets remplis d'injonctions sympathiques qui, sous couvert de distraire, instruisent également le lecteur qui doit en outre dépasser sa traditionnelle passivité pour devenir acteur de son récit personnel. Oh les bêtises joue avec les petites transgressions quand J'aurais voulu être un artiste distille une petite histoire de l'art participative et que En route pour les vacances revisite le cahier estival. De parfaits ouvrages à distribuer et à partager, pour rendre la lecture partagée et ludique. Et pour une fois qu'on peut griffonner sur les livres, on ne va pas se priver !

Du côté d'Obriart Editions, c'est par le biais de l'exigence graphique que les jeunes lecteurs sont approchés : derrière des couvertures colorées, des classiques du conte ou des aventures mythologiques y sont mises en mots et en images avec des partis pris graphiques ambitieux... et payants. Mélusine la fée bâtisseuse, Persée le tueur de monstres, Persée et Andromède ou Les métamorphoses de Dionysos ouvrent donc de fort jolies fenêtres sur des histoires puisées dans le patrimoine qui offrent autant à lire qu'à regarder via de belles et vastes pages bien remplies. Pas question de revoir ces classiques à l'aune d'une nunucherie simplificatrice, mais bien de partager des histoires ancestrales au travers d'une approche du livre comme un objet à part entière, dont on est invité à faire plus que tourner les pages.

Aux éditions de la Gouttière, c'est encore le trait qui attire. Assumant le choix de la bande dessinée l'éditeur défend des récits profonds et la place laissée à l'imagination du lecteur, soit en ne proposant que des images, soit en n'hésitant pas à aborder des sujets comme la disparition d'un proche ou les monstres. Chacun des albums est servi par des dessins qui collent parfaitement au récit, une belle réussite. La série Myrmidon développe ainsi de courts ouvrages sans parole mettant en scène un petit héros aux aventures rigolotes et très évocatrices pour les jeunes lecteurs... qui se passent du coup parfaitement de l'absence de texte ! Supers, pour sa part, dans une bande dessinée petit format à l'américaine, raconte les aventures d'une fratrie dotée de supers pouvoirs dans le monde d'aujourd'hui. Un formidable récit auquel un trait européen apporte beaucoup, le moyen parfait d'aborder un genre pour les jeunes lecteurs. On attend la suite avec impatience.

Chez Ravet-Anceau, bien connu pour sa série Polars en Nord, bien connu pour sa série Polars en Nord, on décline le genre à destination de la jeunesse. Derrière une intrigue, la collection y est aussi un prétexte à explorer les enjeux de l'enfance et de la pré-adolescence entre amitié et aventures au cœur de la région, de ses secrets et de ses surprises. On n'est pas trop loin d'un Club des Cinq modernisé. Pour les plus grands, Qui décide tous les soirs d'allumer les étoiles ? met en scène la vie d'une jeune fille orpheline de mère et son quotidien parfois compliqué, une chronique généreuse de l'adolescence et de la famille qui ne manque pas de piquant.

L'édition jeunesse ne manque pas de bonnes surprises, d'audaces assumés et de choix payants. Plus loin des exigences marketing verrouillées des maisons parisiennes, les éditeurs régionaux proposent aux jeunes lecteurs plus que de simples distractions, de véritables ouvrages, ambitieux pertinents et réussis. Le plus cadeau à leur faire étant peut-être de les emmener dans une librairie pour les laisser choisir leurs propres livres.