Tout comme l'oeuvre de Matisse, au fil de sa vie, aura été celle d'une recherche de simplification et de retour au regard et à la démarche de l'enfance, le travail de Janos Ber n'aura fait qu'évoluer vers un travail toujours plus épuré, ce que montre joliment ce parcours à rebours dans le travail d'un artiste discret. Dès l'entrée, le visiteur pénètre dans un étonnant sas couvert de toiles de Janos Ber toutes en traits de pinceaux colorés, formant à la fois l'étonnant feuillage d'une forêt multicolores, les parements d'une grotte ancestrale ou d'étranges sillons laissés dans une terre verticale. Et sur les murs face aux autres oeuvres de l'artiste, la filiation avec Matisse se fait presque évidente tant dans sa manière d'aborder la couleur que dans une obsession régulière pour une symétrie tout aussi mystique que poétique quand le motif quasi géométrique finit par évoquer une fleur ouverte ou un symbole religieux.
De 2010 à 1984, le parcours inversé permet de saisir les tâtonnements et les recherches progressives d'un artiste qui a toute sa place dans le musée. Nombre de ses toiles reprennent ainsi la technique du découpage également propre à Matisse et les formes de Ber, comme les représentations de Matisse doivent beaucoup à une nature subtilement suggérée autant qu'à des influences anciennes puisées un peu partout dans le monde depuis le travail de Paolo Ucelo sur la Bataille de San Romano et ses innombrables lances dressées jusqu'à des traces de végétaux fossilisés dans la pierre ou à d'anciens glyphes au coeur de tumulus bretons. Loin d'un art moderne tellement conceptualisé qu'il en devient abscons, le travail de Janos Ber emporte sur des chemins attachants et sensibles, riches d'ouvertures et d'interprétations. Et ça tombe bien, Janos Ber est avare de détails sur son travail préférant laisser le coeur et les yeux des visiteurs se laisser porter sans entrave par ses oeuvres.
