Né en 1976, sous la baguette de Jean-Claude Casadesus, l'Orchestre National de Lille a arpenté la Région (et le monde) en se faisant un nom aussi bien dans les petits villages que dans les grandes salles et en proposant tout au long de l'année des concerts consacrés aussi bien au patrimoine musical qu'à la création contemporaine. Créé en 1984, l'Orchestre de Picardie s'inscrit, lui, dans une démarche similaire tout en s'inscrivant dans un réseau d'orchestres européens qu'il anime depuis 2003. A l'heure de la redéfinition des frontières administratives et quatre mois après la naissance des Hauts-de-France (nés de la réunion du Nord-Pas de Calais et de la Picardie), les deux maisons culturelles s'engagent donc dans un partenariat durable, une première pour les deux territoires aujourd'hui réunis.

Jean-Jacques Thomas, président de l'Orchestre de Picardie, y voit « une maison sans murs, mais faite de ponts et de passerelles. Un cadre à aménager pour donner corps à l'aménagement culturel, et un supplément d'âme aux Hauts-de-France » tandis que François Decoster, vice-président en charge de la Culture de la nouvelle région préfère parler de « symbole fort, d'une volonté de rassembler les 6 millions d'habitants de la région autour de ce premier rapprochement concret et opérationnel (…) Un protocole exemplaire à beaucoup d'égards», notamment à l'heure pour la Région d'initier une concertation autour du nouveau projet culturel territorial avec les acteurs du secteur. Un enjeu qui n'échappe pas à Ivan Renar, directeur de l'Orchestre National de Lille qui s'est, pour sa part, attaché à rappeler l'impérieuse importance de la culture : « on dit souvent que la culture coûte cher mais on ne se pose pas beaucoup la question du coût de l'absence de culture. L'engagement culturel est une décision d'investissement à long terme. N'ayons pas peur d'inventer et d'assumer ce choix plutôt que de subir ». Concrètement, l'accord entend faire profiter chaque structure des relais de l'autre et permettre à chacun des orchestres de communiquer sur les propositions de son voisin, de partager des programmations et de s'appuyer sur leurs compétences respectives pour un meilleur déploiement de leurs propositions musicales sur tout le territoire de la nouvelle région, au profit des habitants. Un beau symbole alors que le chef lillois passe cette année la main de la direction musicale de l'Orchestre national de Lille au jeune chef Alexandre Bloch et que la nouvelle Région est à l'aube de choix cruciaux en matière de politique culturelle.