Les Docks en Hiver

Singulier, le théâtre de Jon Fosse l'est assurément pour convaincre ces temps-ci autant de metteurs en scène. Dernier en date à s'intéresser à l'écriture «  très simple, très orale mais en même temps si pleine de sentiments » de l'auteur norvégien, Jacques Descorde a choisi de monter Hiver. « Une belle histoire d'amour, une rencontre entre deux êtres que rien ne destinait particulièrement à ce qu'ils se croisent mais qui vont vivre ensemble un moment fort » raconte le metteur en scène. Comme pour donner toute sa place au langage de Jon Fosse, le plateau est presque nu, la pièce tournant autour d'un seul accessoire, lit et banc à la fois, le reste, c'est la lumière qui le construit. « Une lumière froide et dure, parfois éblouissante comme la lumière des lampadaires des soirs d'hiver ».

Outre la lumière, Jacques Descorde (qui joue également le rôle masculin de la pièce) a souhaité jalonner le spectacle d'inserts vidéos, ponctuations faisant écho au texte de Fosse. Il a choisi des extraits de Sue perdue dans Manhattan d'Amos Kollek, « parce qu'à un moment du film se produit une rencontre ». Une histoire fortuite mais pas tant que cela. « Un homme en déplacement professionnel dont la vie est construite qui rencontre une prostituée, rien n'indique que quelque chose soit possible et pourtant... ». De l'écriture hachée, presque brute de Fosse, Jacques Descorde tire un spectacle qui donnerait à entendre plus qu'à voir. Un spectacle coproduit par une Condition Publique désireuse d'accentuer son travail avec le théâtre, et c'est tant mieux.