La dernière livraison de Ludovic Degroote peut surprendre de prime abord. Le titre josé tomás, sans majuscule (le texte entier en est d’ailleurs dépourvu), renvoie le lecteur à quelques souvenirs ibériques et la vignette de Claude Viallat sur la couverture achève de nous aiguiller sur l’Espagne. Nous y voici, il s’agit pourrait-on croire de tauromachie. Mais que diable Ludovic Degroote le flamand a t-il été chercher dans la corrida ? Oubliez l’Espagne, il est ici question de Nîmes et de José Tomás, le torero qui lui a inspiré une réflexion merveilleusement maîtrisée sur le geste artistique, la position juste face à la mort, sans tricherie, comme dans la vie ou la littérature. « Il n’y a pas à penser, il n’y a qu’à être : celui qui pense est fini » nous dit Ludovic Degroote qui cherche au plus près de l’émotion du risque vital du combat entre l’homme et l’animal, la place du corps et de l’esprit sommés d’aller à l’essentiel. Comme le poète. Si écrire est moins dangereux que toréer, on pourrait presque le regretter car ceux qui écrivent ne vont pas au bout de l’exigence que demande la forme poétique. Ne pas se résigner, « se dégager de soi pour être pleinement soi » pour être libre, voilà ce à quoi nous invite cet étonnant texte. La perfection n’est pas de ce monde mais elle était pourtant bien là dans les arènes de Nîmes le 16 septembre 2012 grâce à José Tomás et Ludovic Degroote en fut le témoin.