Le « Peintre des Humbles » à Roubaix

La passionnante exposition du musée roubaisien dévoile la carrière, sous la IIIe République, d'un peintre, qui a su à la fois regarder vers la peinture impressionniste, tout en menant un parcours officiel qui l'a conduit au succès. On y découvre des œuvres naturalistes, proches de l'univers d'Emile Zola, qui mettent en scène le petit peuple de Paris et les travailleurs, entre peinture d'histoire et représentations plus anecdotiques. Profondément républicain, Adler est attaché à une peinture sociale qui montre les oubliés, la foule d'anonymes parisiens, les pauvres qui attendent la soupe, les haleurs qui tirent les péniches, les mineurs de Charleroi, les ouvriers grévistes du Creusot, les chemineaux, hommes errants en quête de travail... figures qui lui valurent le surnom de « Peintre des Humbles ». Organisée conjointement avec le musée des Beaux-Arts de Dole, la Ville d'Evian, le musée d'art et d'histoire du Judaïsme à Paris et l'Université de Bourgogne Franche-Comté, l'exposition trouve naturellement sa place à Roubaix, ville industrielle, où ces œuvres font écho aux collections, notamment aux sculptures de travailleurs de Constantin Meunier. Pour cette étape dans le Nord a été ajoutée une section consacrée à la population de la Côte d'Opale, où Adler se rend régulièrement à partir de 1910. Autre point d'ancrage intéressant dans la région : durant la Première Guerre mondiale, le peintre obtient l'autorisation de se rendre à l'arrière du front de Verdun, où il multiplie les témoignages sur les ravages causés par la guerre.