Le livre de J.E.B.

Compositeur en résidence à l’Orchestre national de Lille jusqu’en 2011, et nominé en 2009 Compositeur de l’année aux Victoires de la musique, Bruno Mantovani n’est pas un nostalgique de l’époque où le piano et l’orchestre tenaient le haut du pavé. Sa grande connaissance de l’histoire de la musique et de ses courants lui permet de se jouer de tous les pièges d’écriture. Pas facile de situer ce jeune et brillant compositeur à l’écriture prolixe qui aborde sans complexe tous les genres, refuse le néo-classicisme et le post-modernisme et s’intéresse à la peinture aussi bien qu’à la danse (il vient juste de créer le ballet Siddharta avec Angelin Preljocaj à l’Opéra de Paris). Mantovani sait se souvenir des grands modernes comme Stravinski et Bartok tout en développant un langage très personnel basé sur un vrai talent pour l’orchestration et la maîtrise du rythme (il a étudié le piano et la percussion), ancré dans la musique savante d’aujourd’hui.

Le livre de J.E.B. (les initiales du pianiste) - rien à voir avec l’ancien testament - a vu le jour dans sa première version au Festival Pianos aux Jacobins à Toulouse à l’automne 2009. "Sur le plan musical, nous dit Mantovani, de nombreux éléments m'ont été suggérés par quelques caractéristiques du jeu de Jean-Efflam. (…) L'orchestre fonctionne ici comme le prolongement des résonances naturelles du piano. Il interprète les silences de la pièce originelle, vient ajouter des commentaires, afin de complexifier une matière première qui vise à l'évidence. La forme est extrêmement libre, mais le retour de certaines idées vient structurer un parcours dense, où la logique traditionnelle du concerto (alternance entre soliste et orchestre) est remplacée par un jeu permanent de doublures".