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théâtre

La parole contre la mort

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Celle du résistant polonais Jan Karski magistralement portée au théâtre par Arthur Nauzyciel et Laurent Poitreneaux.

Qui connaissait le nom de Jan Karski avant 2009 et la sortie du roman de Yannick Haenel à part ceux qui avaient vu le film Shoah de Claude Lanzmann en 1985 ? C’est en tous cas après la lecture du roman de Yannick Haenel que le comédien et metteur en scène Arthur Nauzyciel décide de l’adapter pour la scène et d’en faire un triptyque dramatique et documentaire, du théâtre de mémoire en somme. Le résultat est proprement saisissant et on reste longtemps hanté par ce que raconte ce résistant polonais qui entra clandestinement en 1942 dans le ghetto de Varsovie et dans un camp de la mort. Ce qu’il y a vu dépasse l’entendement et il remplira la mission qui lui avait été confié par les résistants polonais et les deux juifs qui l’avait fait entrer dans le ghetto, celle de témoigner à Londres et à Washington pour que les Alliés sauvent les juifs d’Europe du massacre. Il ira en 1943 jusqu’à la Maison Blanche rencontrer Roosevelt mais en vain. Personne ne veut entendre l’horreur et encore moins l’arrêter par peur d’avoir à accueillir les juifs d’Europe qui auraient pu être expulsés par Hitler. Les Anglais et les Américains savaient et ils n’ont rien fait. C’est ce constat terrible qui fit dire à Jan Karski : « La conscience du monde n’existe pas ». A l’heure où la Pologne adopte une loi qui veut dissocier l’état polonais des crimes nazis en sanctionnant l’emploi du terme « camp de la mort polonais », où l’antisémitisme refait surface et où les lois sur l’immigration se durcissent un peu partout dans le monde, les paroles de Karski le lanceur d’alerte, résonnent étrangement. Il n’a jamais pu oublier qu’il avait vu la faillite de l’humanité et nous non plus, nous n’oublierons pas le bruit assourdissant du train, le visage d’une dérisoire statue de la liberté, le plan zoomé du ghetto de Varsovie à nous en donner le vertige, les paroles terrible de la banalité du mal portées par le corps d’un Laurent Poitreneaux/Jan Karski, vouté, déformé par l’insupportable douleur du souvenir et le remords d'avoir échoué à arrêter l'holocauste. Dans la salle du Théâtre du Nord dimanche dernier, la tension du public était perceptible comme rarement.

 

Publié le 19/03/2018 Auteur : Françoise Objois

Jan Karski (mon nom est une fiction).

Du 16 au 23 mars 2018

Théâtre du Nord, Lille

Tél.03.20.14.24.24