Isamu Noguchi : sculpter le monde

D'Isamu Noguchi, le musée villeneuvois n'omet pas d'évoquer les riches influences nées de nombreux voyages et qui, à leur manière, rythment le cheminement de l'exposition. Des années parisiennes à la recréation de certains de ses accrochages, chaque salle ouvre un regard différent sur le travail de Noguchi et la façon dont il se nourrit de ses échanges pour tisser une œuvre totale ancrée dans une sculpture ouverte. Tout jeune, Noguchi décide de s'y consacrer, part à Paris, rencontre Brancusi puis fait évoluer son travail de la figuration à l'abstraction et construit une démarche qui le conduit à « élargir les possibilités de la sculpture ». Il combine ses apprentissages dans des sculptures imbriquées, tirées d'expériences fortes (de son Lunar infant creux et éclairé au marquant Avatar et à son assemblage). Entre formes et matières, le sculpteur poursuit ses expérimentations avec la complicité notamment de la chorégraphe Martha Graham pour laquelle il produira nombre de pièces destinées à dialoguer dans l'espace de la scène avec les gestes des danseurs. En creux, ses oeuvres et ses expérimentations n'en finissent pas de confirmer un porosité entre son travail de sculpteur et une démarche de designer. Entre sa proximité avec Buckminster Fuller, ses recherches autour d'espaces urbains réinventés, le dessin du prototype automobile de la Dymaxion, du premier babyphone, de la célèbre Coffee Table et l'incontournable lampe Akari, l'exposition rappelle le travail créatif permanent et transversal de l'artiste. Dans une circulation à la fois chronologique et thématique, les salles donnent à voir le foisonnement d'une démarche totale dans des installations aérées qui dialoguent volontiers d'une pièce à l'autre, permettant au visiteur de pénétrer l'univers de Noguchi dans une grande proximité. Déployant également le travail paysager et les céramiques de l'artiste, l'exposition propose ainsi un large panorama d'un créateur incontournable mais parfois oublié. Au-delà de l'exposition, le parcours permanent du LaM a également été modifié à l'occasion du 40^ème anniversaire du musée, invitant à redécouvrir les trésors de ses collections dans un voyage toujours singulier entre œuvres contemporaines et art brut conjugués dans des espaces communs.