Intimité, histoire(s) et reconstruction

Comme dans le spectacle précédent, l'argument ne change pas : sur fond de souvenirs et de témoignages glanés en 2010-2011 auxquels se mêlent quelques épisodes de la mythologie gréco-romaine, le spectacle balaie différents thèmes en une scénographie inventive basée sur un seul mais omniprésent accessoire...  Trois personnages et une pianiste se partagent la scène, interprétant des morceaux ou moments de vie, s'interrogeant sur leur condition ou leur destinée et composant surtout un très habile patchwork de personnages et de situations traversés par des questions essentielles dans un univers d'abord absurde. Entre la jeune fille, un jeune homme un peu docte et un homme mûr, les comédiens et le metteur en scène évoquent, sans prétention aucune, dans un joli jeu de poupées gigognes, les petites mythologies personnelles en les mêlant à des épisodes célèbres de la grande mythologie. Passé l'abord aux accents presque absurdes, une trame finit pourtant par apparaître.

Qu'on y apprenne à se reconstruire lentement après les horreurs et les dégâts provoqués par un conflit ou que l'on se remémore un coin de rue et la course folle qui donna lieu à une distribution de sucreries, Après le déluge éclaire des vies avec une double volonté : ne pas laisser disparaître une mémoire essentielle (celle du bassin minier) et puiser dans chaque vie des éléments qui la rendent singulière. A ce titre, le piano de Katia Renard, un subtil travail d'éclairage et la prestation du groupe des comédiens se révèlent excellents, Thomas Piasecki y injecte ensuite la force de textes qui mêlent le quotidien et l'extraordinaire pour interroger la condition humaine dans sa complexité, c'est là ce qui fait la force d'un spectacle dont le sujet ne masque pourtant pas les vies qui l'alimentent. Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles, la compagnie y poursuit très joliment son exploration des contes et mythes de familles.