Héros de fil et de bois

Ils sont là, suspendus par leurs tringles de fer dans leur costume d’époque de chevalier ou de mousquetaire, la moustache frémissante et l’épée à la main, prêts à rejouer éternellement les chansons de geste et les romans de chevalerie qui ont faits les beaux jours des petits théâtres de marionnettes lillois et roubaisiens installés dans les caves des quartiers ouvriers au temps de la révolution industrielle. Cette exposition originale rend un bel et rare hommage aux « tireux d’fichelles » du Nord dont le savoir faire perdure encore avec le Théâtre Louis Richard. Ce sont les ouvriers eux-mêmes qui font vivre les « comédies » de A à Z. De la gestion du théâtre à la fabrication des marionnettes (environ 50 heures de travail), des castelets (la scène), en passant par les décors et la manipulation, ils en sont les inventeurs, les producteurs et les artistes. Notons qu’au XIX^e siècle, à l’apogée de cette pratique, les spectacles ne s’adressent pas aux enfants mais aux adultes et ce jusqu’à l’arrivée du cinéma. Outre marionnettes et castelets, on peut voir dans cette exposition, la plus importante sur le sujet à Lille depuis bien longtemps, des têtes sculptées, des costumes, des affiches, des peintures et des photographies en provenance des collections de l’Hospice Comtesse, du Théâtre Louis Richard, du Mucem (Marseille)… et documentant ce pan méconnu de l’histoire culturelle et sociale du Nord.