« Cette histoire a ensuite été complètement évacuée en URSS. Et aujourd'hui encore, elle reste assez méconnue... » explique Gilles Verbèke, l'un des deux metteurs en scène.
Sur scène, on retrouve un choeur de femmes pour incarner ces engagées volontaires ("et même très volontaires. Clairement, on ne voulait pas d'elles sur le front" souligne Gilles Verbèke) et une représentation de l'auteur, Svetlana Alexievitch, pour faire le lien entre le public et les témoignages, introduire les récits, les intermèdes musicaux (un musicien est présent sur scène) ou les enregistrements de voix russes.

Car plus qu'une simple succession de témoignages, c'est bien une histoire qui nous est racontée : celle de femmes qui se sont battues pour leur patrie et qui ne seront jamais reconnues à leur juste valeur. « La plupart se sont tues, souligne Emmanuel Bordier, le "co-metteur en scène". Avoir été femme soldat, c'était l'assurance d'être mise au ban de la société. Accusées d'avoir volé des maris, d'avoir été des "putes à soldats"... La plupart ont caché ce passé et détruit leur carnet militaire, renonçant ainsi aux pensions auxquelles elles auraient pu prétendre...».

La morale de l'histoire, c'est Svetlana Alexievitch elle-même qui la donne : « En dépit de tout, l'Homme tient tête, s'élève et garde sa beauté ».