En choisissant de proposer un parcours sensible plus que chronologique, Marc Donnadieu et Pauline Créteur invitent les visiteurs à mettre de côté leurs réflexes habituels. Prenant au mot la 'renaissance' souhaitée par Lille3000, l'exposition illustre, entre ouvrages d'époques et art contemporain, l'ouverture de l'homme à des possibilités jusque-là insoupçonnées. D'abord scientifiques (le monde n'est pas plat et ne s'est pas fait en sept jours), cette chrysalide touche bientôt à toutes les sphères intellectuelles et sensibles. En quatorze stations (douze étapes précédées d'un prologue et fermées par un épilogue), Là où commence le jour, un pied dans l'histoire de l'art et un œil sur les créateurs d'aujourd'hui, jette des ponts entre le savoir et le sensible.

Voyage mythologique dont le spectateur est le héros, le cheminement proposé par le LaM puise beaucoup dans les symboles religieux comme profanes, dont il émaille un parcours tantôt érudit, tantôt malicieux qui, comme l'époque dont il cherche à émuler la démarche, questionne le monde. Sobre, la scénographie laisse s'exprimer la force des œuvres proposées au fil d'un labyrinthe de murs blancs tantôt espaces de projection, tantôt surfaces d'accrochage, tantôt supports des étagères miroitantes d'un cabinet de curiosité. En s'appuyant sur des artistes dont la démarche n'est jamais masquée, l'exposition tente aussi de réconcilier avec un art contemporain moins abstrait et fermé qu'il se montre parfois. Révolution supplémentaire, les cartels font place dans chaque salle à des tablettes numériques, le catalogue de l'exposition prenant la forme d'un site internet, lequel constitue aussi une autre belle forme d'invitation au voyage. Une façon sans doute de montrer que l'art n'est pas seulement une affaire de musées.