Sortir Bordeaux Gironde : Ez3kiel, une affaire qui roule depuis 15 ans déjà...
Yann : Lorsqu'on a monté le groupe en 93, on commençait tous les cinq à faire de la musique... Ados, c'était plutôt de la fusion très rock, genre Rage Against the Machine. Et puis en 98, on s'est retrouvé à trois pour se professionnaliser, s'investir plus, voire faire de la musique notre métier... ce que n'envisageait pas les deux autres membres. A partir de là, Ez3kiel est devenu plus instrumental, inspiré par diverses influences : pas mal de dub anglais, et notamment Adrian Sherwood, peu à peu orienté hip hop, également teinté de sonorités rock... Une musique très expérimentale en fait, déjà marquée par l'alliance musique et images à travers des morceaux cinématographiques.

Sortir : Pourquoi ce recours systématique à l'image ?
Yann : Les gens ne sont pas habitués à ne pas voir de chanteur sur scène... du coup, pour combler ce vide, il fallait habiller nos concerts par des projections. A la base, tout se travaille au niveau  musique : on appartient à la génération « sampling », qui chope des matières premières à droite à gauche pour ensuite faire des collages. Peu à peu, tu gagnes en maîtrise jusqu'à tout faire toi-même. D'ailleurs aujourd'hui, ce sont nos morceaux qui sont samplés ! Place ensuite au travail de projection : il faut se caler parfaitement car tout est millimétré dans l'interaction images/sons.

Sortir : Une particularité qui requiert une parfaite maîtrise technique...
Yann : On est pas des scientifiques mais bricoler tout ce qui est nouvelles technologies, c'est notre truc. En général, on aime bien utiliser de vieilles machines pour y assimiler diverses technologies modernes. Si c'était plutôt réservé à une élite, aujourd'hui, tout ça s'est démocratisé : n'importe qui de motivé peut utiliser ce genre de techniques. Pourtant, même s'il y a eu le boum de l'électro, elles demeurent encore peu utilisées en France par rapport aux possibilités...

Sortir : Des nouvelles technologies en première ligne dans ce nouveau spectacle...
Yann : Il y a 5 vidéos sur lesquelles on joue, toujours empreintes de ce côté interactif : des pédales semi-automatiques ou des capteurs déclenchant les effets vidéos, un ballon transparent lancé au public, qui tape dessus pour sortir des notes de musique... mais apparemment, on pourra pas l'utiliser au Fémina à cause des lustres... On retrouve le même genre de mécanismes au niveau instrus.

Sortir : Justement côté son ?
Yann : En fait, on sort de Naphtaline, un projet multimédia-DVD, avec une musique totalement différente, des berceuses calmes et intimistes. Battlefield, c'est l'opposé, plutôt rentre-dedans : retour à un rock beaucoup plus joué, moins électro, un peu notre côté sombre et agressif... En passant, on a intégré un 4ème musicien, aux percus, pour ce projet.

Sortir : Et la suite ?
Yann : Finir la tournée puis l'an prochain, prendre 3 mois de vacances ! Et poursuivre sur un projet, toujours dans l'intéractif : les mécaniques poétiques, des installations visuelles et musicales intégrant vélo, machine à coudre, pour enclencher l'image... et les faire manipuler par le public afin de l'intégrer totalement à l'univers d'Ez3kiel.