Sortir : Drôle de choix que celui de monter une pièce comme Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit.

Bruno Buffoli : J'avais envie, après Autoportrait, non plus de partir de l'intime pour parler à tout le monde mais de partir de choses assez universelles pour aller vers l'intime. C'est une pièce plus 'tout public' que ce qu'on m'attendait à voir faire, un chemin que j'avais aussi envie d'aller explorer jusqu'au bout. Et il puis l'idée de bouleverser le regard des gens qui ont vu Autoportrait me plait aussi. Le choix de la pièce en lui-même est un processus assez inconscient. J'en avais fait plusieurs lectures et ça me plaisait de retourner vers l'histoire de ce couple a priori mal assorti. Et puis, et même si ça n'était pas calculé, le fait d'avoir une pièce d'un abord plus aisé est aussi un atout pour monter une tournée de diffusion.

Sortir : Mettre en scène un texte qui n'est pas le sien et diriger d'autres comédiens, qu'est-ce qui est le plus difficile ?

B. Buffoli : Pour avoir fait plusieurs lectures de la pièce, je m'en étais déjà fait une idée, ce qu'il faut réussir ensuite c'est à la communiquer à ses collaborateurs, qu'ils soient à la technique ou sur la scène avec moi. J'ai la chance de travailler avec deux comédiens très différents : Christian Erickson qui est un comédien qui a travaillé dans beaucoup de domaines et qui revient au théâtre avec plaisir et Chloé André, une jeune comédienne issue de l'EPSAD. Deux personnalités et deux acteurs très différents mais qui apportent beaucoup aux personnages qu'ils incarnent.

Sortir : Aujourd'hui vous êtes plus metteur en scène qu'acteur ?

B. Buffoli : Au départ, je ne voulais pas être sur le plateau mais on me donnait la possibilité de me lancer dans le projet si j'étais sur scène et puis j'aime bien le texte et le personnage j'ai accepté, même si c'est un travail parfois compliqué d'essayer de voir la scène comme metteur en scène tout en la jouant comme acteur. Mais jouer est un plaisir pour moi et Vincent, un personnage dans lequel je suis content de me glisser. Pour mon prochain projet, j'aimerai ne faire que la mise en scène, parce que c'est quelque chose qui m'intéresse vraiment et que j'ai aussi envie de faire jouer des gens que je connais et que j'ai envie de voir sur scène.

Sortir : Que verra-t-on sur le plateau ?

B. Buffoli : Je me suis aperçu que la pièce avait à voir avec un certain regard sur l'enfance, celle des couleurs et des impressions de jadis. Pour quelqu'un de mon âge, ça place l'action vers la fin des années 60 ou le début des années 70. C'est autour de cette époque que j'ai voulu travailler. C'est un long travail d'échange autour de la lumière qui se met en place progressivement. Et il faut aussi rendre le côté quai de gare dont je voulais qu'il soit bien présent, notamment au travers de l'ambiance sonore. J'assume le côté kitsch de l'ensemble, sans l'utiliser ni m'en amuser, ça fait partie du spectacle pour moi et je ne vois pas pourquoi je le mettrai de côté.

Sortir : Le spectacle est un trio singulier, avec un ton parfois léger. Après Autoportrait, c'est une toute autre ambiance.

B. Buffoli : C'est un spectacle fait pour être un divertissement mais chacun pourra aussi y chercher quelque chose de plus même si ce n'est pas du tout une obligation. Après quelques jours de répétition dans les Cévennes, on l'a présenté un peu au débotté, sans décors, sans costumes devant des villageois des environs. Et tout le monde était très content de ce résultat. J'ai vu des gens d'une soixantaine d'années touchés par ce qui se passait devant eux. Et c'est quelque chose comme ça que je veux recréer autour de ce spectacle.

Sortir : Et votre structure Anyone else but you ?

B. Buffoli : L'idée de la structure, c'est de n'être pas qu'un outil à mon service mais vraiment un support qui puisse permettre de faire naître et de porter des projets différents de gens différents. C'est une façon de mutualiser les moyens et une manière aussi de faire fructifer les échanges et les liens tissés aussi bien ici dans la région que dans le sud où j'ai rencontré beaucoup de gens très intéressants avec qui on pourrait travailler. J'ai aussi envie qu'Anyone else but you soit un outil au service d'autres artistes et d'autres projets.