Creuset d'humanités

À l'Oiseau-Mouche, plus qu'ailleurs encore, tout est affaire de rencontre. Aussi, quand Nieke Swennen a souhaité venir y travailler, à la fois pour rencontrer les comédiens et pour y présenter son travail, les affinités ont  vite été évidentes et l'intérêt, immédiatement partagé. Depuis 10 jours, la chorégraphe et sa troupe partagent leur expérience et répète leur spectacle dans les murs du Garage. Plus qu'un simple temps de création, c'est ainsi à une découverte mutuelle que se sont livrés les deux compagnies et leurs membres. Entre les handicapés de l'Oiseau-Mouche et le travail que la compagnie Invivo accompli depuis sept ans avec danseurs et comédiens mais aussi avec des patients de l'hôpital psychiatrique de Limoges, la curiosité est immédiate.

Non seulement, les ateliers proposés sont source d'échanges et de rencontres mais, quand il s'agit d'assister aux répétitions de la troupe de Nieke Swennen, l'équipe de l'Oiseau-Mouche se presse dans les gradins. Un travail qui se prolonge au moment des repas et qui, outre les représentations de Presto jubilato / Largo desolato s'est cristallisé autour d'une journée des découvertes le mardi 18 mars avec des visites et d'ateliers d'écritures ou chorégraphiques. Une façon pour le Garage de s'ouvrir autrement et pour Invivo de partager son savoir-faire. « J'aime faire cohabiter sur un plateau des gens très éloignés les uns des autres dans la vie ordinaire » explique la chorégraphe dont la démarche déborde largement le cadre artistique pour, avant tout, donner à voir de très beaux moments d'humanité autour « d'un travail unique qui se construit avant tout à partir des interprètes et fait de chaque spectacle une aventure humaine différente et à chaque fois très forte ». Sur la scène, cet après-midi là, Frédéric, le boxeur, fait assaut de bravoure en décochant des coups de poings et en faisant sailir ses muscles. Visage rayonnant de l'interprète, salves de rires et d'applaudissements chez les comédiens de l'Oiseau-Mouche et d'Invivo. Quelque chose naît là de difficilement définissable et d'assurément unique, frappant l'intellect autant que les émotions. Un moment dont on ne ressort pas intact... et c'est tant mieux.