Cette nouvelle exposition temporaire du Louvre Lens regroupe 230 œuvres. « Nous faisons partie des rares commissaires d'exposition à penser que 1700 m2, c'est un peu petit ! » s'amuse Bénédicte Gady, co-commissaire d'exposition.

La rétrospective s'ouvre sur une immense tapisserie, Visite de Louis XIV à la manufacture des Gobelins, manufactures dont Le Brun était alors directeur avant de suivre un parcours strictement chronologique. Le visiteur démarre ainsi par cette vision grandiose du peintre et de ses conditions de travail, avant d'être plongé dans ses débuts, premières œuvres modestes, premières gravures, premiers portraits... De salle en salle, les tableaux se font de plus en plus majestueux, jusqu'aux dernières salles, alors que la « semi-disgrâce » approche.

Une scénographie au service du peintre

Dès la première salle, la scénographie est assez moderne, « il ne s'agissait pas de refaire Versailles à Lens » rappelle Bénédicte Gardy : les couleurs sont tranchées et des ouvertures viennent créer des jeux de regards entre les oeuvres. Ainsi, le protecteur Séguier (photo), celui qui a permis l'ascension de Le Brun, même exposé quelques salles plus loin, garde un œil sur les débuts du peintre.

Le choix de souligner le travail de l'artiste « en coulisses », notamment en dévoilant le verso d'une tapisserie pour en montrer les couleurs d'origine, bien plus vives et subtiles que celles que l'on observe au recto, contribue à montrer comment une œuvre, qu'il s'agisse ici de tissage ou, plus loin, de sculpture, prend vie. Une volonté d'expliquer qui s'affirme dans une salle de médiation dédiée aux décors éphèmeres de Charles Le Brun (feux d'artifices, cortèges funêbres, entrée royale, etc.) construits avec des matériaux qui n'étaient pas faits pour durer. Deux écrans interactifs aident à comprendre tous les codes représentés sur les gravures : « certains symboles sont arrivés jusqu'à nous, comme la balance représentant la justice. Mais la grue symbolisant la vigilance par exemple, c'est moins évident... ».

Entre médiation et petites histoires, plus qu'une « simple » retrospective, c'est un véritable écho à l'Histoire de France du XVIIème siècle que propose l'exposition Charles Le Brun.