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classique

C'est elle la cheffe

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A l'occasion d'un passage à Lille pour un concert à Notre-Dame de la Treille avec l'orchestre qu'elle a fondé, Lucie Leguay, jeune, sympathique et dynamique cheffe d'orchestre lilloise, revient avec nous sur ses débuts riches et prometteurs.

 

Sortir : Comment devient-on chef d'orchestre ? Pouvez-vous nous expliquer votre parcours et ce qui vous a motivée à suivre cette voie ?

Lucie Leguay : A la base je suis pianiste. J'ai commencé à 3 ans avec mon père, professeur de piano, puis je suis rentrée au conservatoire à Lille à 6 ans. J'étais déjà attirée par la direction et par l'idée de faire partie d'un groupe, au piano je me sentais un peu seule. Là, à 18 ans j'ai rencontré un professeur, Jean-Sébastien Béreau, qui m'a donné le goût de jouer de cet instrument qu'est l'orchestre. Je lui dois tout, c'est lui qui m'a formée sur le plan humain et musical. Il m'a aussi enseigné la curiosité envers le répertoire. Quand j'ai vécu ma première expérience de direction avec la symphonie numéro 2 de Beethoven, j'ai reçu le son de l'orchestre en pleine figure. Etre dans ce son et ressentir son inertie m'a vraiment donné envie de continuer. Je me suis accrochée, j'ai pratiqué pendant plusieurs années. En parallèle j'ai suivi mes études de piano au pôle supérieur du conservatoire, où j'ai passé ma licence. J'ai aussi décroché une licence d'interprète à l'université Lille III et mon prix de direction d'orchestre. J'ai ensuite étudié le piano à Paris et passé des concours. Je n'étais pas encore décidée. A Lille on m'a proposé plusieurs projets de direction d'orchestre, dont une tournée avec Wax Tailor, en musique actuelle. J'ai monté une pièce pour le festival L'Air de rien, avec les musiciens. Et plus je faisais des projets, plus j'avais envie. Je proposais des idées aussi et à force j'ai pensé à monter mon propre orchestre, l'Orchestre de Chambre de Lille. En ce moment, je finis mon master de direction d'orchestre à la Haute Ecole de musique de Lausanne, que je suis pour continuer à me perfectionner. Je fais moins de piano, même si j'accompagne de temps en temps les chanteurs à l'opéra. Ce sont vraiment les expériences que j'ai vécues en live qui m'ont définitivement convertie à la direction d'orchestre. Et faire de la musique ensemble, j'aime beaucoup le rapport humain, la communication avec les musiciens autant avec le regard qu'avec les gestes. Et puis le répertoire fantastique de l'orchestre, il y a tellement de choses à jouer. Jusqu'à présent, j'ai travaillé avec des formations très différentes, autant des orchestres amateurs que professionnels. J'ai dirigé par exemple cinquante flûtes, j'ai fait des projets pédagogiques avec des enfants de trois écoles différentes autour d'un conte musical. J'ai beaucoup aimé les voir évoluer.

 

Sortir : Vous avez donc des expériences très variées. Quel est précisément le rôle du chef d'orchestre et quelles sont les qualités dont il doit faire preuve ?

Lucie Leguay : Les qualités d'un chef d'orchestre sont pour moi avant tout des qualités humaines. Certains chefs sont de très bons musiciens mais n'arrivent pas à communiquer. Par qualités humaines j'entends : être à l'écoute de l'orchestre et avoir un certain charisme, dans le sens savoir poser une identité. Nous, les chefs d'orchestre, sommes les traducteurs de l'œuvre, qui est sur papier et dont nous donnons une interprétation aux musiciens. Parfois ce sont des pièces très connues qu'ils ont déjà jouées, qu'est-ce que nous apportons en plus ? Diriger un orchestre, c'est aussi gérer tout un groupe, plusieurs personnes qui doivent jouer en même temps, dans la même idée musicale, la même dynamique et la même écoute. Je n'ai pas envie que chaque musicien joue dans son coin, je veux fédérer. Donner à l'orchestre une unité, une énergie et le guider par rapport à la musique, c'est vraiment le rôle d'un chef d'orchestre. Chaque musicien a sa partie, mais pas celle de son voisin. Le chef leur explique qui joue avec qui, il indique à tel musicien qu'il a un rôle d'accompagnement, au soliste qu'il est important qu'on l'entende... Ensuite un chef d'orchestre a besoin d'avoir une très bonne oreille, parce qu'il doit régler des équilibres. Chaque instrument a une tessiture, une puissance différente. Nous sommes un peu les ingénieurs du son, en live, de l'orchestre. Il faut que le discours musical soit clair et qu'on ajoute notre petite touche personnelle. On peut écouter la même œuvre par plusieurs chefs, ça ne sonnera pas pareil. Il y a des différences de dynamiques (c'est-à-dire de nuances), de tempo, de caractère. Chacun veut mettre en avant quelque chose de différent, nous sommes un peu les explorateurs de la musique. Notre rôle est très important, c'est un rôle de guide. Le résultat sonore d'un orchestre dépend du travail du chef. Ça dépend aussi de l'orchestre que nous avons en face de nous. Des enfants évidemment ne joueront pas aussi bien du jour au lendemain qu'un orchestre professionnel. Il est très important d'être décidé et d'avoir une autorité naturelle, il n'y a rien de pire dans une répétition de voir que le chef ne sait pas ce qu'il veut. Ça le musicien le sent tout de suite, il sait très bien où on va l'emmener, s'il est perdu ou s'il fait partie d'un groupe. Mon professeur dit toujours : « Regardez au plus loin, allez chercher tous ceux qui sont sur le côté, ne regardez pas seulement ceux qui sont sur le devant. Un bon chef, c'est un chef qui l'est pour chaque musicien ».

Sortir : Dans le contexte actuel, on ne peut pas s'empêcher de vous interroger sur le sujet de l'égalité femme-homme. Le fait d'être une femme dans ce milieu très masculin représente-t-il une difficulté ou un avantage à vos yeux ?

Lucie Leguay : C'est une question qui a son importance parce qu'évidemment on ne voit pas beaucoup de femmes chefs d'orchestre, comme dans tous les métiers de direction. La femme cherche encore sa place, mais elle la trouve de plus en plus. Quand je suis arrivée à 18 ans dans la classe de direction au Conservatoire, j'étais la seule fille. Quelques années plus tard, d'autres filles sont arrivées, et maintenant c'est presque moitié-moitié. Là où on voit encore la différence c'est dans les concours. Par exemple, j'ai passé un concours l'an dernier à l'Opéra Royal de Liège avec 170 candidats. Parmi les 50 retenus, il y avait seulement trois femmes. Ce qui est positif pour nous c'est qu'on se rappelle de nous. Quand une femme passe dans un concours, on n'oublie pas son nom, on n'oublie pas son visage. On arrive à se démarquer aussi comme ça. Mais pour moi, sur le plan professionnel ça ne change rien. J'en avais parlé avec mon professeur, quand j'étais jeune, et il m'avait dit : « Vous savez Lucie, un chef d'orchestre ça n'a pas de sexe, ce n'est pas un homme, ce n'est pas une femme, c'est un chef ». Cette phrase m'avait marquée, parce que c'est vrai que, quand on arrive devant un orchestre, on n'oublie qu'on est une femme ou un homme. Certains disent que les femmes apportent une touche de féminité, mais beaucoup d'hommes ont de la féminité en eux, et de nombreuses femmes sont plus masculines. Évidemment je fais attention à la façon dont je m'habille, parce que je suis devant des musiciens qui me regardent et qu'il y a un respect à avoir par rapport à ça. Mais c'est vrai aussi pour tous les musiciens. Quand je travaille, je suis uniquement là pour ça. On est crédible si on fait bien son travail. Les orchestres oublient vite si le chef est une femme ou un homme, tant qu'elle ou il dit des choses intéressantes et est compétent. On lui demande de remplir sa tâche. Il y a tout de même eu beaucoup de polémiques sur des cheffes d'orchestre très féminines, qui s'attachaient les cheveux ou au contraire les lâchaient... Certaines jouent là-dessus. C'est peut-être une forme de liberté, mais on nous juge très vite. J'ai déjà senti que des orchestres testaient mon autorité, ma manière de répondre. J'essaie de ne pas rentrer dans ce jeu-là. Ce métier est avant tout psychologique. La question est comment on tourne ces éventuelles provocations, comment on arrive à obtenir des musiciens quelque chose en particulier, comment on leur parle, avec quel vocabulaire, comment on détend l'atmosphère. Tout ça, en étant une femme, j'ai parfois eu l'impression d'y faire un peu plus attention, mais ça devient assez vite naturel.

 

Sortir : Vous l'évoquiez tout à l'heure, vous avez fondé l'Orchestre de Chambre de Lille, pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Lucie Leguay : L'OCL, composé de musiciens professionnels, est un orchestre de chambre, donc plus petit, qui peut se déplacer partout. Son ADN est de jouer dans des lieux où il n'y a pas ou peu de concerts, comme la résidence Saint-Maur à La Madeleine, une maison de retraite où les personnes âgées n'ont pas accès à la musique. Demain, nous serons à la Treille pour un concert religieux, du baroque et du classique : Vivaldi et la symphonie concertante de Mozart. Le 1er juillet on ouvre le festival Clef de Soleil, au Grand Sud, une salle de concerts à Lille Sud qui accueille tous types de spectateurs. On essaie d'attirer un public différent et de rendre la musique accessible à tous. Pour mon projet de demain, j'invite des collégiens de Faches-Thumesnil à chanter pour la première fois avec un orchestre professionnel. Certains ne connaissent pas la Treille, ils découvriront grâce au concert un lieu important de la ville. Je suis allée dans leur collège les faire travailler avec le professeur qui les a préparés. Je leur ai donné un petit cours de direction d'orchestre, en leur montrant comment battre les mesures, comment donner les dynamiques, quel rapport on a avec les musiciens, comment se passe la relation avec le chanteur... Je leur ai prêté ma baguette, ils étaient fous ! On mène beaucoup d'actions pédagogiques, on aime travailler avec les enfants, leur donner envie de faire de la musique, leur donner l'occasion de vivre une expérience dans un orchestre.

Ma grande difficulté, comme je suis à l'initiative de cet orchestre, est que j'ai tout à organiser. C'est tout un travail, que je ne m'attendais pas à faire en étant musicienne : rencontrer les sponsors, les banques, faire des dossiers, des fiches de paye, créer l'association, bref, tout ce qui est administratif et que je ne connaissais pas. Quand tu es invitée dans un grand orchestre comme l'Orchestre National de Lille, tu ne t'occupes pas de tout ça. Alors que demain je vais aller déposer des tracts et mettre les affiches partout dans Lille avec mon petit scotch. Il faut tout faire, les programmes, les affiches, aller chercher des chocolats le jour de Pâques pour donner aux musiciens pendant la pause, acheter des roses pour remercier les solistes à la fin. Toutes ces petites choses que plein de personnes font d'habitude, c'est moi qui m'en occupe. J'ai des amis qui m'aident tout de même, mais c'est un travail de dingue. Là par exemple, il n'y a pas de pupitres dans La Treille. Je vais aller avec ma voiture en chercher, le matin, dans un conservatoire, auquel j'avais préalablement demandé l'autorisation d'en emprunter, et après il faura les installer ! La dernière fois, il n'y avait pas d'estrade, j'ai dû les monter, je n'avais jamais fait ça ! On apprend, on devient ouvrier, régisseur, c'est marrant. Il faut savoir tout faire.

Actuellement je cherche encore des financements pour notre prochain concert. On est invité par le festival Clef de Soleil, qui paie une partie et je dois trouver tout le reste. Parfois des particuliers veulent faire des dons. J'essaie de trouver des mécènes privés, des banques... Il faut alors se transformer en femme d'affaire et défendre son projet. C'est beaucoup de travail surtout qu'à côté je passe encore des concours, je finis mon master, je travaille aussi à l'Opéra de Lausanne, je suis régisseur surtitres, je suis amenée à diriger d'autres orchestres. Cet orchestre, dont j'ai créé le logo avec ma sœur et l'association, me prend beaucoup de temps. Ce n'est pas comme ça que je gagne ma vie, c'est un projet qui me tient à cœur.

Sortir : Vous avez accompagné Wax Tailor en tournée, bien loin du monde de la musique classique. Que vous a apporté cette expérience ? Est-ce que le mélange des genres est un aspect que vous tenez à développer dans votre carrière ?

Lucie Leguay : On m'avait proposé de faire ce projet avec Wax Tailor, quand j'étais encore étudiante au Conservatoire de Lille. Il avait un partenariat avec Lille et en plus il avait envie d'une cheffe, ça tombait bien. Cétait de la musique actuelle, ce que je n'avais jamais fait, j'avais toujours été dans le répertoire classique. J'en ai discuté avec lui et je lui ai demandé comment il voulait qu'on travaille ensemble. Lui est DJ, mais sa musique a une palette de couleurs énorme, il y a de quoi faire au niveau musical, ma participation s'y prêtait donc complètement. Quelqu'un a écrit la musique et j'ai dirigé une tournée avec lui en France et en Colombie. D'ailleurs, l'année prochaine, on va sûrement refaire des projets ensemble. L'expérience m'a beaucoup plu, déjà parce que la musique est différente. Le public diffère totalement, il n'a pas l'habitude de s'assoir et d'applaudir à la fin. Les gens sont debout, hurlent ton nom, le nom de l'orchestre, ils sont très motivés. L'orchestre a adoré lui aussi, parce que c'était un orchestre de jeunes qui connaissaient la musique de Wax Tailor, ils étaient ravis de jouer avec lui. Il y avait l'ambiance de tournée aussi, aller chaque soir dans une salle différente. Des salles magnifiques d'ailleurs : on a joué aux Folies Bergères à Paris, dans des grandes salles à Montpellier, à Lyon, au Cirque Royal à Bruxelles, au Grand Théâtre à Bogota, c'était vraiment génial. Ça m'a ouvert à autre chose. On faisait de la musique, dans laquelle il y a d'autres difficultés. Ce qui était compliqué pour moi, c'est que je devais synchroniser précisément la musique qui était envoyée sur les hauts-parleurs avec la musique en live de chaque musicien, qui avait un micro sonorisé. Chaque soir c'était différent, Wax Tailor était dans l'ambiance, c'est arrivé qu'il envoie la musique sans me prévenir, il fallait que je suive ! Parfois on projetait un film, sur lequel je gardais un œil pour respecter le rythme. Et c'était un show de deux heures-deux heures et demie, c'était intensif. Ça m'a appris d'autres choses, d'autres réflexes que le classique. D'une manière générale, j'aime bien le mélange des genres. J'aimerais bien faire un jour un ballet avec une école de danse d'ici. J'ai déjà fait par exemple la Tétralogie de Wagner en mêlant musique et théâtre. La Tétralogie, qui dure 16 heures (quatre fois quatre heures d'opéra) était résumée en 25 minutes avec cinq comédiens qui parlaient de l'histoire d'une manière comique. C'était donc un spectacle vivant. Demain, on joue le Gloria de Vivaldi, qui n'implique pas seulement l'orchestre, mais aussi un chœur. J'aime bien quand il y a un chœur, des chanteurs, des acteurs, des danseurs, des acrobates ou, comme tout à l'heure dans le Petrouchka de Stravinsky que j'ai vu à l'Orchestre National de Lille, des marionnettes. J'aimerais bien aussi faire des ciné-concerts, mais ce sont d'autres budgets, il faut avoir les moyens de payer les droits.

 

Sortir : On comprend que vous avez une vie bien remplie. Quels sont vos projets, vos envies pour les années à venir ?

Lucie Leguay : Je continue à passer des concours parce que c'est grâce aux concours internationaux qu'on se fait connaître. Il est très difficile d'avoir une place dans un orchestre. Il y en a de moins en moins et il n'y a qu'une seule place à chaque fois. Là, j'ai passé le concours de direction d'orchestre à l'Orchestre National de Lille pour être cheffe assistante, j'étais deuxième au concours sur 166, ce qui est bien, mais j'aurais tellement voulu avoir cette place pour revenir ici, parce que je suis lilloise, que j'aime ma ville et que j'avais plein de projets à faire ici. Les concours sont assez nombreux, mais une bonne part de la sélection se fait sur dossier, avec des vidéos et un CV. C'est un petit milieu, il faut se faire connaître, ne pas faire de faux pas, sinon on ne vous rappelle pas. C'est un travail passionnant, à plein temps. Je souhaite donc intégrer un orchestre en tant qu'assistante. Peut-être faire ça ailleurs, par exemple il y a le prochain concours à Rotterdam. Partir à l'étranger, ça me plairait beaucoup, j'aime aller à la rencontre d'autres cultures, d'autres musiciens. Je suis partie en Suisse, ce n'est pas très loin mais c'est quand même très différent. J'y ai rencontré plein de gens de nationalités très différentes. Continuer donc à faire des concours internationaux parce que ça permet de diriger d'autres orchestres, de lire du répertoire.

Je voudrais aussi continuer avec l'orchestre que j'ai fondé, essayer de faire 3-4 concerts par an, sur des thématiques différentes et des lieux différents un peu partout dans Lille, pour chercher un nouveau public. Peut-être le développer et dans mon rêve l'emmener en tournée, le montrer à d'autres publics. On ira peut-être à Marrakech, j'ai un ami qui est là-bas qui aimerait qu'on fasse quelque chose ensemble. Mais ça c'est sur plusieurs années, ça se prépare sur le long terme. J'avais failli faire aussi un voyage au Kurdistan d'Irak avec un orchestre composé uniquement de femmes. Malheureusement ça ne s'est pas fait à cause des attentats à Mossoul, c'était un peu dangereux. Nous devions jouer pour les réfugiés et les premières victimes de guerre, c'est-à-dire les femmes et les enfants. Je me verrais bien faire ce genre de projets politiques, qui ont un sens, un côté humain, que j'ai envie de défendre.

Publié le 25/04/2018 Auteur : Propos recueillis par Aurore de Carbonnières

 

Lucie Leguay participera à la direction de l'Orchestre National de Lille à l'occasion de la Fête de la Musique : concert participatif, le 21 juin, à 18h30 au Nouveau Siècle, Lille, gratuit

Avec l'Orchestre de Chambre de Lille : ouverture du Festival Clef de Soleil, le 1er juillet Grand-Sud, Lille