48 pages suffisent à Roberto Scarpinato qui s’entretient ici avec Anna Rizello - qui fit sa connaissance à Lille lors de Citéphilo en 2008 - pour dresser un constat saisissant de l’organisation du système mafieux italien mais pas seulement… Les juges Falcone et Borsellino avec qui il a travaillé ayant été assassinés en 1992, Roberto Scarpinato le sicilien est le dernier survivant de cette génération de magistrats qui tenta de lutter contre La Pieuvre. Mémoire vivante de cette époque trouble, il est depuis plus de 20 ans sous protection policière permanente ce qui le conduit à vivre intensément chaque moment sous la menace d’un lendemain plus qu’incertain. Pour cet homme qui saisit chaque minute de manière essentielle, le droit « instrument essentiel de défense et de protection du droit à la fragilité humaine » se vit tous les jours en prenant des risques. C’est en philosophe amoureux de ses frères humains que Roberto Scarpinato nous livre son analyse et ses réflexions sur le bien, le mal, le pouvoir, la politique, l’église et l’argent, décortiquant en un tour de main le fonctionnement des méthodes mafieuses qui conduisent au délitement de l’état, voire à sa « russification ». Loin de tous clichés, la lecture de ce petit livre s’avère tout à fait salutaire.