Queer Psychanalyse avec Fabrice Bourlez
Parmi les critiques contemporaines adressées à la psychanalyse il y a celles, parmi les plus acerbes, formulées par les penseurs du genre. Ils accusent la psychanalyse de participer de la société patriarcale hétéronormative ainsi que d’œuvrer à un processus de normalisation des êtres. Le plus souvent leur sentence est sans appel, rien n’est à sauver de la psychanalyse.
Contre ces lourdes accusations un certain nombre de psychanalystes, offusqués, se sont dressés, dénonçant la barbarie d’une pensée qui promeut l’indifférence sexuelle et la fluidité des genres plutôt que la différence sexuelle et l’ordre symbolique. Il n’y aurait ainsi rien à entendre ni à apprendre des théoriciens du genre.
Mais n’est-ce pas dans les deux cas aller vite en besogne ? Réduire la psychanalyse à une pratique normalisatrice n’est-ce pas faire fi de l’avancée que représente la découverte par Freud du désir polymorphe de l’enfant et de l’ambivalence sexuelle des personnes ? Et caricaturer la pensée du genre en l’assimilant à une barbarie n’est-ce pas laisser dans l’ombre les a priori phallocentriques et les préjugés de genre structurant la doctrine et orientant la pratique analytique ?
Au milieu de cette guerre qui prend l’allure d’une guerre des tranchées, des psychanalystes tentent de tenir les deux bouts : celui d’une psychanalyse au plus près du désir du sujet et celui d’une théorie du genre au plus près des vécus sociaux des êtres. Fabrice Bourlez fait partie de ces psychanalystes. Il en a tiré une reformulation originale de la psychanalyse à la lumière des théories du genre qu’il a intitulée : « Queer psychanalyse ».
À partir de cette proposition et des discussions que celle-ci suscitera, discussions scandées par des vignettes théâtrales, nous essaierons de tracer les lignes d’une psychanalyse à venir en prise avec les interpellations d’une époque et les demandes d’une clinique nouvelle.
Publié le 10/03/2023