Celui qui s'en alla

Alexandre n’arrive pas à vivre sa vie, ni à ressentir les émotions. Ce vide le dévore et le projette vers les émotions et les quêtes des autres. Par d’habiles mécanismes de manipulation, il pousse ceux qui l’entourent dans l’extrême de leur passion, de leur radicalité, qu’elle soit politique, amoureuse, existentielle.

Incapable de vivre autrement que sur la cime du déséquilibre qu’il provoque chez les autres, il guette l’instant où le visage, le corps de sa victime est transfiguré par l’émotion.


Dans Les Femmes de Barbe-Bleue, Lisa Guez analyse comment se déclenche le désir, comment des cathédrales amoureuses peuvent se construire, comment on se prend progressivement dans la toile de l’emprise de l’autre. Ici, à l’inverse, c’est la figure du manipulateur qui est examinée, les motivations et les mécanismes en jeu dans ce rapport de domination. Mais ne passons-nous pas d’une emprise à l’autre, du rôle de manipulé à celui de manipulateur ? Qui peut prétendre être totalement dégagé des influences, des admirations ?