Architecture et soins
L’architecture hospitalière doit répondre à deux conditions : loger un corps (physique et psychique) et répondre à un impératif d’hospitalité. Entre alitement et déambulation, mais aussi entre déambulation (couloirs) et fonction refuge (se blottir), l’hôpital est l’objet d’un transfert du patient. C’est la raison pour laquelle on dira que le soin est déjà spatial. L’attention portée à l’espace vécu devrait pouvoir nous dégager de l’héritage de Le Corbusier, modèle de la pure « machine à habiter », de la pure fonctionnalité. Même si l’objectif affiché souvent est de ne pas garder les patients trop longtemps, la condition hospitalière dicte une politique de l’accueil à bien distinguer de l’admission. Celle-ci occupe un espace ; l’accueil, lui, n’est pas assigné à un lieu, mais accompagne la vie quotidienne. Si la recherche en sciences humaines, mobilisée à l’hôpital dans le sillage de Michel Foucault, est un peu tombée en sommeil, elle pourrait revenir en lumière à l’heure où la crise sociale laisse trop de monde sans soins. Peut-être y a-t-il encore une place dans cette architecture pour une fonction d’asile, sans l’image d’abandon que cette notion traîne avec elle ?
Intervenants : Jean-Philippe Pierron, professeur de philosophie à l’Université Jean Moulin (Lyon) et Donato Severo, architecte, docteur en histoire de l'architecture à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val-de-Seine et chercheur associé au LACTH à l’ENSAP Lille.
Modération : Jean-François Rey, professeur honoraire en philosophie.
En partenariat avec CitéPhilo et dans le cadre des Midis culturels organisés par la Délégation aux affaires culturelles du CHU de Lille
Publié le 20/03/2019