Spirites made in Hauts de France au LaM

Cette nouvelle exposition se consacre à Lesage, Simon et Crépin. Tout trois spirites, peintres et guérisseurs... et originaires de la région ! Mais avant de découvrir leurs incroyables œuvres, l'expo propose de revenir aux fondements du spiritisme et du spiritualisme dans une première salle. On y découvre toutes sortes d'objets permettant d'entrer en contact avec les esprits : assiettes et tables ouija, phonographe, télégraphe et main spirites... des pièces d'époque aussi fascinantes que les tableaux qui agrémentent la pièce. Les portraits des (nombreux !) grands de ce monde qui ont cotoyé l'univers spirite et spiritualiste ; Marie et Pierre Curie, Jean Jaurès, Conan Doyle s'y déploient également...

Augustin Lesage, mineur, a un jour entendu, en plein travail à Ferfay, une voix lui ordonnant de peindre. Docile, il s'exécuta : ce fut une révélation. Deux salles sont consacrées à ses œuvres, pleines de finesse, de minutie, et de talent. La symétrie et les détails présents dans ses tableaux laissent... sans voix. Une justesse artistique comparable à celle de Victor Simon, considéré comme le continuateur de Lesage. Lui aussi devint artiste en écoutant une petite voix lui sommant de peindre. Sage décision fut la sienne lorsqu'il prit le pinceau. Le résultat est époustouflant. On ne se lasse pas d'admirer ses gigantesques œuvres, colorées et riches en motifs. Lesage et Simon ont tout deux voyagé au Maghreb, et leurs travaux sont remplis d'influences orientalisantes plaisantes à décortiquer.

Les peintures de Lesage, Simon, mais aussi Crépin, intègrent à la fois des influences chrétiennes, hindoues, orientales mais aussi de l'Egypte antique. D'ailleurs, après avoir fait un tour au sein de la bibliothèque des esprits, on pénètre dans une salle entièrement dédiée à l'Egypte Antique. Lesage, qui se disait être la réincarnation d'un artiste de l'époque pharaonique, avait une véritable fascination pour ce territoir. Il y effectua un long voyage qui transparait dans son œuvre. On découvre durant cette étape plusieurs tableaux représentant – entre autres – Néfertiti de même queLa Toile égyptienne.

On glisse doucement vers la fin de cette aventure, en découvrant la grande salle consacrée à Fleury Joseph Crépin. En mars 1939, cet homme aux multiples casquettes perd le contrôle de sa main, qui se met à peindre. Il peint alors nuit et jour, accompagné par des ombres, qu'il considère comme ses guides. De très bons guides au vu de ses œuvres uniques, que l'on reconnaît grâce aux fines gouttes en relief, caractéristiques de son art. Organisé de manière chronologique, historique et thématique, l'accrochage se termine avec un Temple Infini abritant plusieurs tableaux des trois artistes, enfin réunis (ce n'est pas arrivé depuis 1949). Des productions de plasticiens, musiciens, poètes et peintres spirites, et spiritualistes, complètent cette ultime pièce.

Une fois encore, le LAM propose une expérience hors du commun, qui fait voyager le visiteur. Cette première exposition organisée autour des trois grandes figures françaises de la peinture spirite s'avère être une réussite, de bout en bout. Que l'on découvre ou non les travaux de ces peintres, le parcours se révèle enrichissant, de par sa construction logique et la multiplicité de ses propositions.