Son Nippon

Dans un monde globalisé où les multiples scènes musicales mutent dans des relations déterritorialisées, on peut se poser la question de la pertinence d'une approche géographique. Au delà de l'état civil des membres composant Acid Mothers Temple ou Melt-Banana, ces deux formations sont profondément nippones. Pourtant, chacun possède une ascendance musicale anglo-saxonne : le psychédélisme pour Acid Mothers Temple, le noise rock pour Melt Banana. Des postulats vite éclatés à partir d'une maîtrise totale des genres. Ainsi, Acid Mothers Temple fait bien plus que faire rugir les volcans freaky et Melt Banana se complait à glisser des peaux de bananes sous les piliers des orthodoxies noisy. Japon terre de contrastes... Depuis l'après-guerre, l'archipel est un théâtre des opérations de certaines radicalités esthétiques et politiques. C'est de ce compost élevé en cocotte minute qu'ont émergé nos deux groupes.
Depuis deux décennies, Kawabata Makoto et sa family Acid Mothers Temple improvisent un temple mystico-futuriste où par le seul souffle du son, ils parviennent à plier psychédélisme non coupé, rock prog et métaux lourds. Une tribu pas si sectaire que cela aux liturgies impressionnantes. Un groupe forcément culte dont les concerts cherchent la transe et la trouve régulièrement. A la recherche de la lumière du son.
Chez Melt Banana, l'effectif est restreint mais pas le volume. Agata et Yasuko O. ne jouent pas pour autant la carte bourrin. Même essoré à haut régime punk, on retrouve des débris de mouchoir pop dans leurs courtes séquences musicales. Chaque titre est un maillon de la chaîne de tronçonneuse mais les intentions sont pacifiques. Affichant 25 ans de carrière, Melt Banana a côtoyé les plus grands des scènes noises et expérimentales. Frontal donc accessible.