Réincarnation
Les Suisses des Young Gods occupent une place à part. Pas question de neutralité. Bien au contraire, depuis 1985 les Young Gods ferraillent avec un rock expérimental. Pionniers du sampling, ils triturèrent metal, classique, ambient tout en s’éloignant de la tradition indus. L’impact de leurs albums et concerts irradia bien au-delà de l’underground helvète. Il se dit que Trent Reznor, Mike Patton et même David Bowie leur attribuent le passeport de précurseurs. Au fil du temps, les jeunes dieux donnèrent des signes de fatigue, puis plus vraiment de nouvelles. Puis vint cette résidence au Cully Jazz festival qui vit la foudre créative à nouveau tomber sur des titres plus amples, ambient, faussement apaisés et réellement hypnotiques. Aucune rupture ou reniement par rapport aux âges farouches des débuts, pas une once de mise à jour ou de ripolinage. La fleur de l’âge pour ces edelweiss mutants.
En ce qui concerne The Stranglers, l’heure n’est pas au changement des fondamentaux. Le groupe, ou du moins ce qu’il en reste (Jean-Jacques Burnel et Dave Greenfield tout de même !), sait qu’il peut compter sur un répertoire protéiforme en diamant. Punk, post-punk, new-wave, pop, mainstream… les hommes en noir ont embrassé plusieurs décennies sans qu’on puisse les taxer d’opportunisme. Sombres, excessifs, borderlines, drôles finalement à leur façon ; les Stranglers ont souvent visé juste en tapant fort tout en nous prenant à rebrousse-poil. Depuis le Rattus Norvegicus, leur premier album, plus lustrés qu’hirsutes, les Stranglers demeurent notre patte de lapin avec une impressionnante collection de singles et une fanbase d’ultras. Si écouter du post-punk par de jeunes énervés peut avoir son charme, l’entendre dans sa langue maternelle par ses géniteurs possède une toute autre allure.
Publié le 20/11/2019
Young Gods
Samedi 23 novembre, 20h, 14/21€
The Stranglers
Mardi 26 novembre, 20h, 20/27€
168 avenue Willy Brandt, Euralille