« L'idée n'est pas de retracer l'histoire du Racing Club de Lens explique Luc Piralla, le commissaire de l'exposition et directeur par intérim du Louvre-Lens. Il s'agit d'une expostion d'objets mais aussi de témoignages. Et souvent, ce sont les témoignages qui font l'intérêt des objets ». Des objets qui n'ont pas été choisis au hasard mais qui sont le fruit d'une collecte réalisée l'été dernier. Après une inévitable sélection, environ 70 objets ont été conservés. Mis en scène, ces objets prennent vie grâce aux témoignages, qui font eux aussi parties intégrantes de l'exposition.

Le stade Bollaert comme voisin bienveillant

L'exposition, présentée dans un Pavillon de Verre dans lequel la vue sur le stade ne sera sans doute jamais autant à propos, s'organise autour de trois bulles. D'abord, la mémoire collective avec « une chambre d’adolescent avec maillots, posters et albums Panini ». Parmi ces souvenirs partagés, des focus sur des joueurs marquants (« même si on nous dira toujours qu'il en manque » devance le commissaire de l'exposition) et sur les matchs marquants (« là au moins, il y avait une certaine unanimité »). L'occasion de faire émerger des objets tels que le classeur d'entrainement de Daniel Leclercq ou des souvenirs de George Lech, dont la seule demande pour signer au RC Lens était de faire en sorte que son père ne travaille plus à la mine.

Le deuxième espace revient sur les relations du supporter par rapport à son club. Le visiteur y trouve beaucoup de fait-main : une écharpe tricotée, une horloge en cuir, un maillot de supporter, l'autoportrait d'un étudiant en art... Et, encore, des témoignages : "le racing m'a apporté les plus belles joies, les plus grands frissons, des sacrées peines aussi, et ce depuis tout petit" peut on lire sur une « bible » de l'histoire du club, cadeau d'un mari pour sa femme qui n'a pas eu la chance de grandir à Lens.

Enfin, c'est la question du stade Bollaert-Delelis comme réceptacle de cette passion qui est abordée. Eléments récupérés sur le chantier du stade, comme la plaque en marbre de l'inaguration de la tribune Trannin, sièges sur lesquels on peut s'asseoir pour regarder Le 12e Homme, le film de Frédéric et Arthur Lefever qui revient sur l'expérience du stade dans la vie du supporter... Le stade s'incarne.

 

L'exposition ne prétend pas être exhaustive sur le sujet mais parvient à proposer une nouvelle façon d'aborder un territoire sur lequel la mine n'est jamais très loin, même pour les générations qui ne l'ont jamais connue directement. La collecte s'est faite à un moment où le club descendait en ligue 2 mais revenait à Bollaert. « Le paradoxe était frappant : les supporteurs savaient que le club rebondirait. Le club a une histoire, les supporters lensois savent appréhender le club dans un temps long. Ils acceptent que l'équipe perde, pas qu'elle ne se batte pas. » résume le commissaire de l'exposition.