Le syndrome de Cassandre

Dans la mythologie grecque, Cassandre était une princesse (la fille de Priam, le roi de Troie) qui avait reçu le don de prédire l'avenir. Un cadeau d'Apollon. Un cadeau interessé, car alors qu'elle se refuse à lui, il adjoint à ce don un particularité : elle ne sera jamais crue. C'est en imagineant un clown partageant la même tragédie que le spectacle a vu le jour.

Un personnage arrive et alerte le public : un feu est en train de propager en coulisses. Pourtant, personne ne sort : ce personnage est grimé en clown, sa parole ne compte pas. Son existence elle-même est remise en question : est-ce qu'un clown existe vraiment ? Perçu comme une éternelle blague, le clown peut-il connaitre une légitimité ? Cette frontière entre réalité et monde imaginaire sera d'autant plus marquée que l'interprète, Yann Frish est un magicien de renom. Il va donc s'amuser avec la vision des choses des spectateurs.

Réalité objective ou interprétation tronquée ? Quitte à ne pas être crédible, le clown s'amuse et manipule. Tragi-comédie dans laquelle le clown endosse une dimension magique, Le Syndrome de Cassandre présente un monde sensible, parfois cruel, dans lequel c'est peut-être celui qui est couvert de terre, qui porte une truffe au milieu du visage, un nez de clown noir et mange des bananes de façon compulsive qui détient la vérité.