Le Peuple René sourit à Saint-Sauveur
Une soixantaine de personnages, René et sa descendance, souriant de toute leur grosse bouche rouge, semblent poser devant l'objectif, qu'ils fixent de leur unique œil. Colorés et un peu grotesques, ils pourraient sortir d'une bande dessinée, univers cher à l'artiste. Chacun a sa propre histoire, René, « c'est le type normal, qui dit à sa femme : "Je vais t'aimer normalement" » et qui fait avec elle une multitude d'enfants. Plutôt que de personnages, Hervé Di Rosa parle d'idéogrammes : un œil, une bouche, parfois une main si nécessaire, quelques vêtements et accessoires, qui suffisent à représenter une série de types physiques, auxquels chacun peut s'identifier. L'objectif de la commande est de mettre l'art dans la ville, à la portée de tous. L'emplacement de la réalisation sert ce but, à la fois dans la rue, au cœur d'un quartier dynamique, festif et populaire, et dans la gare Saint-Sauveur, centre d'art exigeant qui tente d'abolir les frontières entre néophytes et spécialistes. L'emploi de la céramique, facile d'entretien et dont la structure a été adaptée pour résister au climat lillois, devrait permettre à l'œuvre d'affronter le temps. Le peuple René incarne aussi une touche d'humour, de couleur et de gaieté, un bouclier contre la morosité ambiante. L'artiste, quant à lui, déclare vouloir transmettre au spectateur l'énergie et l'exaltation qu'il a ressenties en créant ce qu'il nomme un objet et refuse d'appeler fresque. Et en effet, son enthousiasme pour la technique, qui a le pouvoir de le surprendre, ne fait aucun doute. Depuis quatre ans, il travaille avec un atelier traditionnel de céramiques à Lisbonne, où il vit avec sa famille. C'est d'ailleurs à la suite de la visite de cet atelier que Martine Aubry a eu l'idée du projet. Cette expérience portugaise constitue la 19e étape d'un voyage qui l'a mené à travers le monde afin d'expérimenter de nouvelles techniques aux côtés des artisans. A Lisbonne, les employés de la fabrique perpétuent un savoir-faire vieux de plus d'un siècle et demi. Selon l'artiste, les carreaux qu'il a peints lui-même sont aisément identifiables : ce sont ceux qui présentent des défauts !
Publié le 26/10/2017
Hervé Di Rosa, Le Peuple René
Gare Saint-Sauveur, Boulevard Jean-Baptiste Lebas, 59800 Lille
Entrée gratuite
www.lille3000.eu/gare-saint-sauveur