Contemporains et voisins (les deux hommes étaient flamands), Mercator et Ortélius se sont peut-être croisés et ont à tout le moins entretenu une correspondance régulière. Plus confrères que concurrents, Ortélius (né 15 ans après Mercator) puisera beaucoup dans les travaux de son prédécesseur pour nourrir ses propres créations. Fascinés par les découvertes de leur siècle, les deux hommes, nourris par les travaux et les informations des explorateurs, n'auront de cesse de retranscrire sur papier l'élargissement des horizons de cette époque, chacun à sa manière. Si Mercator cherche l'approche la plus réaliste et la plus fidèle possible (la méthode de représentation qu'il invente pour représenter à plat – en cylindre - un monde rond tout en conservant les angles est encore employée aujourd'hui), Ortélius opte pour une approche plus historique, multipliant les appellations antiques et contemporaines, remplissant ses cartes de dessins mythologiques inspirées des récits de voyageurs, des légendes et des travaux des cartographes antiques (notamment Ptolémée).

Si les travaux du premier fascinent (l'acuité de ses représentations, 4 siècles avant l'observation satellite s'y révèle incroyable) par leur acharnement à donner à voir une représentation la plus fidèle possible de la terre et de ses nouvelles contrées, le second donne à voir une terre contrastée nourrie d'une histoire riche, multiple et colorée. Au fil d'un parcours passionnant, conçu et soigneusement mis en scène par le musée de Flandre, l'exposition compile de passionnants et superbes documents d'époques en comparant le parcours des deux savants aux travaux précurseurs et évocateurs. Une très belle réussite pour le discret Musée de Flandre malgré un petit regret : l'absence de catalogue en dépit de la richesse et de la pertinence de cette proposition.