La Verrière brise la glace

Une compagnie et un lieu. Le luxe ? Pas vraiment, d'autant que ce lieu de la rue Alphonse Mercier, l'équipe menée par Dominique Sarrazin ne le conçoit pas autrement que partagé, ouvert et offert à d'autres artistes pour les aider à travailler, présenter et défendre leurs œuvres et leurs créations. Mais voilà qu'à l'aube de l'été la nouvelle tombait du désengagement progressif d'un État de moins en moins volontaire en dehors des grandes structures repérées. Si la nouvelle n'est pas catastrophique, elle remet en cause le fonctionnement de la compagnie et du théâtre (loué à un propriétaire privé), alors même qu'il faut constater l'utilité de l'espace et du projet de la compagnie... Laquelle invite souvent de jeunes équipes et des amis d'horizons divers à l'habiter et l'animer le temps de quelques représentations.

Et la programme de l'année, comme souvent, ne manque pas de propositions, de pistes de réflexion... ou d'indignation. C'est d'abord Ma révérence, texte demandé par Annick Gernez à son ami Michel Quint. Un joli monologue autour d'une nourrice sèche, de ses souvenirs et de sa convocation des enfants qu'elle a élevés. Esther Mollo mettra ensuite en scène Terreur torero, parcours dans le sillage d'un travesti amoureux d'un révolutionnaire et évocation de l'engagement, de l'amour et de leurs liens. Vincent Dhelin et les Fous à Réaction [associés] revisiteront l'histoire d'Ulysse, Jacques Descorde mettra en scène Combat de Gilles Granouillet, texte sur l'amour fraternel et le combat de chacun pour la dignité, tandis que François Godart jouera L'homme qui... d'après un Peter Brook inspiré par les écrits d'Oliver Sacks pour un drôle de voyage dans le cerveau humain. En janvier, c'es Yves Brulois qui évoquera, sous forme théâtrale, le conflit nord-irlandais avant, quelques semaines plus tard, de nouveaux regards sur l'histoire de Médée (version Sénèque ou Euripide) autour d'approches résolument modernes. Au milieu de toutes ces invitations, la Découverte continuera pour sa part de mûrir de nouvelles propositions pour arpenter le plus longtemps possible les chemins d'une culture tapageuse, buissonnière et heureusement dérangeante.