Dans son dernier livre, Michael Cunningham fait un pas de côté et propose un recueil de nouvelles dans lequel il s'amuse à revister dix contes. Finies les belles histoires et les petites étoiles dans les yeux. Le prince charmant n'est pas si charmant, la sorcière n'est peut-être pas si méchante et non, tout n'est pas bien qui finit bien.

A coup de cynisme et d'ironie, l'auteur dévoile la part d'ombre que tous les contes s'attachent soigneusement à cacher. Au fil des dix nouvelles, la mécanique fonctionne à chaque fois : sans nommer directement les personnages desquels il s'inspire, Cunningham installe l'histoire et laisse au lecteur le soin de reconnaître de quel conte il s'agit. Il s'amuse même, d'entrée, à instiller dans notre esprit que, peut-être la princesse « mérite » ce qui lui arrive : « Posez-vous la question. Si vous pouviez jeter un sort à cet athlète ridiculement beau et à ce mannequin de lingerie dont il est amoureux, ou aux couples de stars de cinéma dont les ADN combinés produiront inévitablement des enfants d'une espèce entièrement différente... le feriez-vous ? Leur aura de bonheur et de prospérité, leurs espérances infinies ne vous irritent-elles pas, ne serait-ce qu'un peu ? Ne vous font-elles pas enrager de temps en temps ? ». Sans doute que oui.


Les illustrations de l'artiste Yuko Shimizu qui accompagnent le livre achèvent de mêler fantastique, élégance et noirceur... Parce qu'il est temps d'arrêter l'imposture. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ? Bullshit.