Dans cette recherche formelle, le geste artistique d'Eugène Leroy, artiste globetrotter natif de Tourcoing et décédé en 2000, semble passer par la tentative de capturer exclusivement le rayonnement de la lumière sur la matière. L'artiste alterne couleur sombres et vives à l'aquarelle selon le tableau pour peindre un paysage auquel il aurait soustrait l'environnement concret. Une ligne d'horizon peut faire la distinction entre ciel et terre mais au final, seule reste la vivacité des couleurs et le heurt ressenti à la vue de celle-ci. Ici, l'espace se dilue dans l'éblouissement de la lumière. Avec ses peintures à l'huile, Leroy travaille en revanche une impression plus rugueuse des couleurs. Les tons sombres et le travail du relief de la peinture à la truelle se substituent aux couleurs majoritairement claires des aquarelles. Les couleurs d'un paysage pluvieux ont remplacé celles d'un paysage ensoleillé. Parler de peinture atmosphérique serait ainsi approprié : Leroy tente de saisir les variations de la lumière entre éclaircissement et assombrissement. L'alternance des procédés employés par celui-ci pour exprimer ce phénomène intrigue et fascine.

Les quinze autres artistes de cette exposition entreprennent par la peinture et la photographie un travail un brin plus figuratif que Leroy mais tout aussi intéressant. Parmi eux, Hervé Jamen et sa série de tableaux Congés payés figurent des personnages à la plage ou à la piscine. On sent le souci de l'artiste apporté à la peinture des corps, mais ce travail est volontairement entamé à l'acide et la meuleuse. En résulte des cadres que l'on croirait délavés, tels une photo ou un lointain souvenir. Quant à Xavier Noiret-Thomé, il semble travailler l'effet du crépitement de la lumière. Sur une toile grand format, les couleurs sombres sont ponctuées de couleurs fluo, de paillettes et de quelques catadioptres. Avec les photos d'Anaïs Boudot, le noir profond se laisse imprimer d'un blanc éclatant tandis qu'avec celles d'Antoine Petitprez, aubépine et conifère deviennent des sources lumineuses sur un fond noir-pétrole. Le thème de l'exposition aurait pu aboutir à une simple juxtaposition d'œuvres, mais une certaine cohérence est à constater à travers le jeu avec l'intensité des couleurs et les différentes formes géométrique que la lumière peut prendre selon l'artiste exposé.